"Faire notre travail tant qu’on peut le faire et du mieux possible, pour satisfaire nos clients, tant qu’on a un peu de canards et de la marchandise."Julien Rouby, producteur de canards installé à Milhac-d’Auberoche résume l’état d’esprit de ses confrères. Pour les quatre agriculteurs présents, le 7 décembre 2022, sur la place Saint-Louis à Périgueux, le cœur n’y est pas. L’inquiétude se lit sur les visages.
"Grâce à l'entraide, nous avons réussi à avoir des canetons"
Trois nouvelles exploitations de la commune de Saint-Geniès ont été à nouveau touchées par la grippe aviaire, huit mois après la première épidémie. Les abattages ont eu lieu les mardi 6 et mercredi 7 décembre. À l’approche des fêtes, c’est un cauchemar qui perdure.
"Nous sommes de petits producteurs en système autarcique. Nous achetons les canetons à un jour, nous faisons l’élevage, le gavage et la transformation à la ferme. En dépit d’une année compliquée, nous avons réussi à nous organiser pour avoir des canetons, grâce à une entraide entre producteurs et à un couvoir situé dans les Pyrénées-Atlantiques", précise Julien Rouby.
Une "épée de Damoclès"
"Nous sommes en moyenne entre 30 % et 40 % d’une année normale en termes de production", confirme Isabelle Desmond, de la ferme de la Puyberthie. Certains éleveurs n’ont pas pu réintroduire d’animaux par manque de canetons et n’ont pas redémarré l’activité depuis avril.
Ces nouveaux cas sont vécus douloureusement. "On a une épée de Damoclès sur nos têtes. Personne n’est à l’abri", ajoute Isabelle Desmond. Fabrice Dumain, quant à lui, s’interroge sur l’intérêt des abattages préventifs. Les producteurs gardent espoir en espérant que l’épidémie s’arrête. Ils redoutent de manquer de produits pour les fêtes : la demande en foie gras, canards gras est forte.
Pour Yannick Frances, élu en charge de ce dossier à la chambre d’agriculture, "l’urgence, c’est d’éviter à tout prix une propagation de l’épidémie. Quand un foyer est avéré, il faut que l’abattage soit organisé rapidement. Ce n’est pas toujours possible."
Selon lui, la seule sortie de cette situation, c’est la vaccination : "On sait que les phases de tests ont été concluantes en Dordogne. Alors allons-y." Une réunion de crise avec les représentants de la filière est prévue à la fin de la semaine.