Pendant longtemps, parler de l’agriculture au cinéma, c’était ne parler de rien. Exerçant un art inventé dans une société majoritairement rurale afin de divertir les citadins, pourquoi les réalisateurs auraient-ils filmé ce qui était sous les yeux de tout le monde ? Maintenant, c’est différent. Outil culturel majeur, ce que le grand écran montre n’est pas anodin. En choisissant son point de vue, le cinéma, qu’il soit de fiction ou documentaire, façonne une pensée et véhicule une représentation. Ses conséquences sont bien plus grandes qu’un simple moment agréable passé devant un écran.

Personnage standard

Très productive en France, l’industrie cinématographique a construit un personnage standard de l’agriculteur qui change selon les époques. Bourru après guerre, gardien du bon sens dans les années 1970, il est devenu dans les années 2010 la figure sacrificielle par excellence. Il se bat, quitte à y perdre sa vie, contre une société qui a perdu tout repère.

Image plus réaliste

Mais le monde agricole lui-même n’est pas totalement passif face à ce regard. Il sait désormais qu’il est filmé et prend conscience de son image, celle du héros sacrifié ne le satisfaisant finalement pas vraiment. Nous verrons comment le monde agricole peut participer à la construction d’une nouvelle image plus réaliste qui lui permettra d’être mieux compris.