« C’est une manière de rapprocher deux mondes. L’agriculteur peut transmettre son savoir aux comédiens et l’équipe de tournage révéler les coulisses d’un long métrage. » Marin Rosenstiehl, responsable de l’accueil des tournages au sein d’Occitanie films, compte plus de 170 exploitations référencées dans sa région et environ 600 au niveau national. Toutes ont tenté l’aventure du grand écran en louant leur maison d’habitation, leur grange, leur étable ou leur champ.

Inscrites gratuitement sur le réseau national films France, les fermes sont ensuite prises en main par la Commission du film de leur territoire, comme Occitanie films, garante du bon déroulement du tournage. « Notre rôle est d’aiguiller et de rassurer le propriétaire, explique Marin Rosenstiehl. Un plan de travail est établi six mois à l’avance pour anticiper un maximum d’aléas ». Alors quand les intempéries chamboulent l’organisation, « il faut un plan B. Heureusement au cinéma, tout est permutable. On peut tourner des scènes ailleurs et revenir ensuite sur la ferme. Un tournage ne doit pas nuire à l’activité. »

« Une belle aventure »

Quant aux critères pour qu’une exploitation intègre le catalogue des lieux de tournage, « il n’y en a pas de précis, affirme-t-il. Il faut surtout du cachet, une histoire, parfois une ancienne bâtisse ou de belles annexes. Mais au cinéma, on peut détourner les lieux ». Quand les protagonistes du film ne sont pas agriculteurs, seule une pièce de l’habitation, la stabulation ou un bout de parcelle peut suffire.

En 2019 en Lozère, pendant le tournage du film Seules les bêtes de Dominik Moll. (© Occitanie films)

« Sur cinq jours de tournage, du lundi au vendredi de 7 h à 19 h, il faut compter deux à trois semaines d’installation avant l’arrivée des acteurs. » Un temps qui permet le réaménagement de certains espaces à l’image du scénario. Et quand le propriétaire reste sur place, l’équipe de tournage s’adapte.

S’il n’existe pas de grille tarifaire, l’agriculteur reçoit une indemnité. « On conseille une fourchette entre 800 et 1 500 euros par jour, mais ça dépend du temps de tournage, des aménagements, de l’espace occupé, de la contrainte imposée, etc. » Dans tous les cas de figure, une convention de location saisonnière est établie entre les deux parties. « C’est obligatoire et ça soulage tout le monde de savoir que tout est envisagé par écrit, poursuit Marin Rosenstiehl. Et en général, ça se passe très bien, car ouvrir ses portes au cinéma, c’est avant tout une belle aventure. »