« La production de volailles de chair semble renouer avec la croissance », constate Elisa Husson, ingénieure d’études économiques, lors d’un webinaire organisé par Abcis (1) le 24 mai. Les chiffres l’attestent : selon FranceAgriMer, sur le premier trimestre de 2024, les abattages français bondissent de 22,1 % en tonnage sur le premier trimestre de 2024, par rapport à la même période en 2023.
« La plus forte croissance est observée sur les canards, avec des hausses de 87,7 % pour les canards gras et 84,6 % pour les canards à rôtir, précise l’établissement public. La reprise a aussi concerné les abattages de dindes, en augmentation de 20 %. »
« Sortie de crise »
Les abattages de poulets, qui représentent près de 75 % des volailles de chair produites en France, ont « maintenu leur forte croissance (+17 %) » sur les trois premiers mois de l’année. « Cette évolution récente de la production de volaille de chair s’explique par la sortie de crise d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) et une forte dynamique de la demande », analyse Elisa Husson.
L’augmentation des disponibilités s’accompagne en effet d’une hausse de la consommation par bilan (2) (voir l’infographie). Elle progresse de 11,6 % sur le premier trimestre de 2024, « en lien avec la croissance continue de la consommation de poulet (+7,5 %), mais aussi le retour de celles de dinde (+13,4 %) et de canard (+71,1 %), après de forts replis l’an dernier », pointe FranceAgriMer.
Pour la viande de poulet, qui représente 80 % des volailles consommées en France, « nous observons de fortes augmentations de la demande en grandes et moyennes surfaces (GMS) », rapporte Mohamed Bouzidi, économiste à l’Institut technique de l’aviculture (Itavi).
Le spécialiste estime que la hausse des disponibilités françaises de viande de poulet « est en mesure de suivre la demande en GMS et de récupérer des parts de marché perdues depuis deux ans en restauration hors domicile à cause de l’IAHP ».
La production de volaille décolle (05/06/2024)
Moindre déficit commercial
Sur le volet des échanges, le rebond de l’offre engendre une progression de 19,7 % des volumes de viandes et de préparations de poulet exportés par la France sur le premier trimestre. Cela représente 14 500 tonnes-équivalent carcasse (tec) supplémentaires par rapport à la même période en 2023. « La production et les exportations sont souvent corrélées car lorsqu’on produit et consomme davantage de poulet français, les disponibilités en produits secondaires (dos, pointes, cou, etc.) augmentent », explique Mohamed Bouzidi.
Dans le détail, les envois vers les pays de l’Union européenne ont augmenté de 16,8 % (+7 100 tec), « avec une hausse particulièrement marquée vers les Pays-Bas, qui sont en partie le fait de réexpéditions de produits britanniques à faible valeur », décrypte FranceAgriMer. Pour leur part, les exportations vers les pays tiers sont en hausse de 23,9 % (+7 400 tec) « aussi bien vers l’Afrique subsaharienne que vers les pays du Proche- et du Moyen-Orient ». Du côté des importations françaises de viande et préparations de poulet, les flux se stabilisent sur les (–0,7 % en volume), bien que restant très soutenues depuis la Pologne (+8,5 %).
Sur les trois premiers mois de l’année, le solde des échanges sur les viandes et préparations de volailles est déficitaire de 109 600 tec, et de 294,8 millions d’euros. « Le déficit se réduit légèrement par rapport à 2023, à la fois en volume (20 700 tec) et en valeur (82,9 millions d’euros) », chiffre FranceAgriMer.
(1) Bureau d’études créé par l’Idele, l’Itavi et l’Ifip. (2) Abattages contrôlés + importations – exportations.