La France a importé 4 % de volumes de poulet en plus l’an passé qu’en 2017. Moralité, 43 % des 1,3 milliard de tonnes de poulet consommées dans l’Hexagone viennent d’ailleurs. C’est encore deux points de plus que l’an dernier. Toutefois, lors de son assemblée générale le 11 avril 2019 à Angers, l’Anvol voit enfin un palier se dessiner. Pour atteindre l’objectif de reconquête du marché national de reprendre au moins un point par an les 10 prochaines années, elle demande le soutien réel des pouvoirs publics, sur le volet financier mais surtout réglementaire.
« Le plan d’investissement nécessaire pour que la France travaille à armes égales avec les autres pays européens est de 2,7 milliards d’euros dont 2,3 milliards dans les bâtiments d’élevage, rapporte Jean Michel Schaeffer, le président d’Anvol. Ces montants ont été annoncés dans le plan de filière déposé auprès des pouvoirs publics dès 2017. Nous fondions de grands espoirs dans le grand plan d’investissement prévu par le gouvernement. Force est de constater que ce plan consiste essentiellement à recycler des montants d’aides déjà affectés. »
« Merci aux Régions »
Il reconnaît toutefois les soutiens des Régions Bretagne et Pays de la Loire qui ont complété les aides bâtiments PCAE pour la reconversion d’éleveurs auparavant producteurs pour le grand export. Pas question toutefois d’abandonner l’exportation : l’Anvol se réjouit d’ailleurs des efforts de la DGAL et de FranceAgriMer pour la réouverture de marchés d’exportation pour les accouveurs comme pour la viande, ainsi que le récent agrément d’abattoirs pour la Chine.
S’agissant du commerce international, la possibilité d’un Brexit dur inquiète. « La réaffectation des contingents d’importation sur les 27 pays restant de l’Union européenne et l’arrêt potentiel des exportations vers le Royaume-Uni représentent un risque énorme pour la filière de la volaille : jusqu’à un million de tonnes de volailles en plus dans l’Union européenne, soit l’équivalent de la production française », calcule le président de l’interprofession.
La filière demande donc l’arrêt immédiat des négociations de contingents supplémentaires, arrêt prévu par le ministre il y a quinze jours, et le contrôle sanitaire de 100 % des volailles brésiliennes avant leur départ. L’Anvol insiste également sur l’Ukraine, et son opérateur MHP, qui profite d’une ligne tarifaire « autres découpes de poulet » pour importer des coffres, ensuite découpés dans l’Union européenne et qui en portent ensuite l’origine.
Étiqueter l’origine des viandes
L’Anvol pointe une autre déception : malgré son travail de lobbying pour obtenir l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes dans tous les lieux de consommation, le décret n’est toujours par paru. Or, les importations sont massivement le fait de la restauration hors foyer, du sandwich dans la boulangerie aux restaurations collectives, et des industries de transformation. Le travail avance sur d’autres points puisque la Répression des fraudes a validé au début de l’année le code des usages qui permet de définir les dénominations : un plat cuisiné de dinde doit comporter au moins 20 % de dinde et une saucisse de volailles doit en contenir au moins 50 %.