« Les importations françaises de viande bovine ne sont pas nouvelles, rappelle Baptiste Buczinski, agroéconomiste à l’Institut de l’Élevage. Elles découlent de la préférence des consommateurs français pour la viande de femelle et de couleur rouge vif. La France importe de la viande de réformes laitières, en particulier d’Europe du Nord, tandis qu’elle exporte surtout de la viande de mâles, en plus de nombreux broutards. »

Une conséquence de la décapitalisation

Entre la fin de l’année 2016 et celle de 2022, le cheptel français a perdu près de 850 000 têtes : près de 500 000 femelles allaitantes, soit une chute de près de 12 %, et près de 350 000 femelles laitières. La tendance n’évolue pas : entre juin 2022 et juin 2023, les effectifs de vaches allaitantes ont encore reculé de près de 115 000 têtes (- 3 %), et ceux de vaches laitières de 90 000 têtes (-2,5 %). Bilan, « les importations de viande ont progressé sous l’effet de la décapitalisation, mais aussi de la montée en puissance des circuits de consommation hors domicile ».

« Ces circuits sont de plus en plus perméables aux importations et les viandes de réformes laitières trouvent assez facilement leur place sous forme transformée, observe Baptiste Buczinski. Ceci est d’autant plus vrai qu’elles sont compétitives en termes de prix. Mais les viandes de races allaitantes suivent le mouvement. Elles sont aussi de plus en plus transformées, en lien avec la fermeture des rayons traditionnels des supermarchés et le développement d’une segmentation haut de gamme sur le haché, qui trouve son public. »

« La valorisation des carcasses doit continuer de s’adapter à ces changements dans les débouchés et la consommation ! » insiste Baptiste Buczinski, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage.

« L’évolution du comportement des consommateurs est plurielle, poursuit-il. D’un côté, les achats de viande par les ménages en GMS semblent affectés par une descente en gamme sur les produits alimentaires. De l’autre, la restauration semble maintenir son dynamisme et continue d’être un vecteur de consommation, en particulier de viande bovine. Dans le même temps le marché européen s’est alourdi et est devenu plus concurrentiel pour les exportations françaises de viande de jeunes bovins ces derniers mois. La valorisation des carcasses doit continuer de s’adapter à ces changements dans les débouchés et la consommation ! »