Constructions de deux bâtiments à Langoëlan, extension d’un élevage à Néant-sur-Yvel, dépôt d’un permis de construire à Plaudren dans le cadre d’un regroupement… Les projets de poulaillers dans le Morbihan sont systématiquement contestés par des collectifs comprenant des citoyens, des associations environnementales ou animalistes et la Confédération paysanne. Il s’agit de projets en lien avec la reprise de l’entreprise Doux et la volonté de LDC de reconquérir le marché intérieur en produisant du poulet lourd. Pour le plus avancé, celui de Langoëlan, les deux éleveurs ont obtenu l’autorisation préfectorale fin novembre. La Confédération paysanne, l’association écologiste Eau et rivières de Bretagne et le collectif citoyen ont annoncé qu’ils allaient déposer un recours.

« Langoëlan est emblématique de notre contestation, affirme Morgan Ody de la Confédération paysanne. Il répond à la définition d’une “ferme usine” par sa taille (4 400 m² s’ajoutant à l’existant, soit 8 900 m² au total), l’intégration par un industriel, l’absence de lien au sol et l’importation de soja. » « C’est une réponse à la demande du consommateur, rétorque Franck Guéhennec, président de la FDSEA du Morbihan. Rappelons que près de la moitié des poulets consommés en restauration hors domicile sont importés. Lumière naturelle, isolation…, ces bâtiments répondent aux nouveaux critères. »

« L’agribashing n’est qu’une arnaque »

Injures, intimidations, harcèlement…, la pression sur les éleveurs est intolérable, selon le président de la FDSEA : « Au-delà des divergences d’opinions que l’on entend, les méthodes utilisées sont insupportables. » Dernier fait en date, le 11 janvier (lire l’encadré). « Les producteurs se sont soumis à toutes les formalités et ont obtenu les autorisations. Mais ils vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête et redoutent de commencer leurs travaux, déplore Franck Guéhennec. On peut aussi s’interroger sur la prise de position de la Confédération paysanne, qui manifeste aux côtés d’associations abolitionnistes comme L214. » Ce fut le cas à Néant-sur-Yvel. « Nous n’étions pas organisateurs », se défend Morgan Ody, qui réaffirme la position du syndicat en faveur de l’élevage et considère que « l’agribashing n’est qu’une arnaque. » Autant d’éléments qui contribuent à exacerber les tensions sur le terrain.

Isabelle Lejas