Comment valoriser les signes officiels de qualité et d’origine auprès des consommateurs ? La question posée lors d’une table ronde à l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) le mardi 26 septembre 2023 résonne d’actualité. Alors que la filière biologique fait face à une crise sans précédent, l’inflation pèse aussi sur les produits labellisés.

Cinq signes officiels de qualité et de l’origine sont reconnus par les autorités publiques : l’appellation d’origine contrôlée et protégée (AOP), l’indication géographique contrôlée (IGP), la spécialité tradition garantie (STG) et le label rouge. Or, peu sont reconnus par les consommateurs, notamment les plus jeunes, constate Cendrine Auguères, enseignante-chercheuse en marketing à l’école d’ingénieurs de Purpan. « La moitié des jeunes consommateurs ne connaissent pas le label Haute valeur environnementale », déclare-t-elle s’appuyant sur une étude annuelle qu’elle mène auprès des 18-35 ans.

Une multiplicité des autres démarches qui brouille le message

Cette méconnaissance s’explique par la multiplicité des autres labels mis en place par des marques privées, qui brouille le message à destination du consommateur. « Plus on ajoute de labels, plus leurs valeurs vont diminuer », explique Zohra Bouamra-Mechemache, économiste à l’Inrae (Institut national de recherche en agriculture, alimentation et environnement). La « jungle » des labels, dénoncée par Jean-Yves Guyon, représentant des consommateurs à l’Inao, empêche une compréhension simple par les consommateurs.

Seul succès pointé autour de la table : le Nutri-score. Inscrit sur chaque produit et bien assimilé comme un indicateur pour la santé, « il coche toutes les cases » pour être bien intégré par le consommateur, souligne Cendrine Auguères. « Le message est fort, favorable, et unique. »

Valérie To, chargée de mission auprès du ministère de la Transition écologique au bureau de l’agriculture rappelle le récent encadrement des allégations environnementales. La Commission européenne a proposé une directive pour rendre les allégations fiables, comparables et vérifiables, et le Parlement français oblige la présence d’une fiche de produit lorsqu’un label est apposé sur l’emballage via la loi antigaspillage et économie circulaire de 2020.

Communication auprès des consommateurs

Mais si le pouvoir public s’empare de ce sujet, il reste à convaincre le consommateur d’acheter des produits qualifiés Siqo. Actuellement, le prix et le goût sont les deux éléments que les consommateurs prennent en compte lors de l’achat d’un produit, devant l’environnement et l’éthique, observe Cendrine Auguères. Pour les intervenants autour de la table, le défi se trouve dans la communication auprès du grand public pour promouvoir ces produits.

Un espoir, souligné par Valérie To : selon le baromètre de la consommation durable de l’Ademe, les consommateurs établissent « un lien entre leur santé et celle de l’environnement ». Reste à savoir si cette conscientisation se transformera à l’avenir dans l’achat de produits labellisés au supermarché.