Vingt ans après la conférence de Stockholm de 1972, qui place la question écologique au cœur des préoccupations internationales, se réunit à Rio un nouveau Sommet de la Terre. Dans son édito du 12 juin 1992, Jean-François Colomer s’inquiète « du faible cas réservé au problème de la faim dans le monde ».
Par la suite, la question climatique ne suscitera guère l’intérêt de la société et donc des médias. Il faudra attendre le milieu des années 2000. La France agricole (23 septembre 2005) y consacre un dossier « Le climat qui va changer », soulignant l’atout de la biomasse, idéale pour produire des énergies renouvelables. Suit un autre dossier : « Les plantes et les insectes désorientés » (5 janvier 2007) où sont analysées les conséquences du changement climatique sur les cultures et les prairies. Fin 2007, alors que se négocie le Grenelle de l’environnement, l’éditorialiste Yvon Herry déplore la faible prise en compte de la voix des paysans : « On ne peut pas créer une dynamique positive en imposant des mesures compliquées, contraignantes ou vécues comme venu d’en haut ».
Récurrence des événements extrêmes
Par la suite, la succession des rapports du GIEC qui, régulièrement, constatent une aggravation de la situation, en même temps que la récurrence des phénomènes climatiques extrêmes, la FA multiplie les articles ou dossiers sur ce thème (une quinzaine entre 2020 et 2024) : de l’enquête « Marché des grains, le changement climatique rebat les cartes » (16 octobre 2020) qui voit les pays de la Mer noire et les zones les plus septentrionales sortir gagnants au détriment de l’Union européenne, des États-Unis et de l’Australie, à ce dossier de 21 pages « S’adapter aux à-coups climatiques de l’eau » (20 décembre 2024), qui donne des pistes pour améliorer notre résilience à cette succession de sécheresses et d’inondations.
Une large place est consacrée aux témoignages d’agriculteurs et d’éleveurs qui s’investissent dans des pratiques vertueuses. Ainsi, l’on découvre que des éleveurs du Massif central ont remis au goût du jour une tradition ancestrale, celle d’utiliser les branches de frênes pour faire face au manque de fourrages.
Durant ces années, La France Agricole a recueilli les avis de nombreux experts, de l’ingénieur météorologue Louis Bodin au député européen Pascal Canfin, en passant par Jean-Marc Jancovici (Shift Project), ou encore Sébastien Abis (Club Demeter). Ce dernier montrait (3 mai 2024) l’ampleur de l’équation à résoudre « entre une intensification de la sécurité alimentaire mondiale comme jamais vu dans le passé, et une décroissance des émissions de carbone sans précédent ». Une brève synthèse pour résumer quatre décennies de négociations climatiques.