Des chercheurs de l’Université de Stanford considèrent que le changement climatique de ces 50 dernières années a significativement impacté la productivité des cultures, en particulier des céréales. « Nous estimons que les tendances climatiques ont entraîné une baisse actuelle des rendements mondiaux de blé, maïs et orge de 10, 4 et 13 % par rapport à ce qu’ils auraient été autrement », écrivent-ils dans une étude (1) publiée le 5 mai 2025 dans la revue PNAS (2).
À l’inverse, les rendements du soja et du riz n’ont pas été impactés de manière significative : « Les bénéfices du CO2 ont probablement dépassé les pertes liées au climat » pour ces deux cultures, supposent les chercheurs. Ces bénéfices, liés à une atmosphère plus riche en carbone qui favorise la photosynthèse, auraient donc été insuffisants pour compenser les pertes de rendements du blé, du maïs et de l’orge.
Coup de chaud et manque d’eau
D’après les historiques de données, la plupart des régions du monde ont connu « un réchauffement rapide » de leur atmosphère, affectant aussi bien les cultures d’été que les cultures d’hiver. Le déficit de pression de vapeur (DPV), indicateur de stress hydrique des plantes, a augmenté « dans la plupart des régions tempérées mais pas dans les tropiques », ajoute l’étude. Les précipitations ont eu tendance à baisser, même si elles ont pu être « importantes » à certains endroits du globe.
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Deux biais à résoudre
L’étude relève par ailleurs que les modèles climatiques historiques ont une bonne capacité de prédiction : « À bien des égards, les changements que les agriculteurs vivent sont tout à fait conformes à ce que les modèles climatiques prédisaient », confirme Stefania Di Tommaso, coauteur de l’étude, dans un article publié sur le site de l’Université de Stanford.
La chercheuse soulève néanmoins « deux grandes surprises » : les modèles surestiment « considérablement la quantité de réchauffement et de dessèchement subie par les cultures d’été en Amérique du Nord » et « sous-estiment l’augmentation du DPV dans la plupart des régions de culture tempérées ». Selon elle, il est important de résoudre ces biais de modélisation car ils pourraient en partie expliquer l’inefficacité de certains leviers d’adaptation au changement climatique, notamment le choix variétal.
(1) Les chercheurs ont analysé les conditions agroclimatiques des cinq principales cultures au niveau mondial, sur les 50 dernières années : le blé, l’orge, le maïs, le riz et le soja.
(2) Proceedings of the national academy of sciences.