Le changement climatique peut modifier la répartition des champignons et augmenter le risque d’exposition à certaines mycotoxines, exacerbant leurs impacts sur la santé, prévient l’Agence européenne de l’environnement, dans une publication (lien en anglais) du 10 mars 2025, qui synthétise un ensemble d’études scientifiques.

Les mycotoxines, toxines provenant de champignons qui contaminent les cultures, sont associées à une série d’effets négatifs sur la santé. Les principales classes sont : 

  • l’aflatoxine B1 ;
  • le déoxynivalénol (Don) fréquemment présent dans le blé, maïs et orge des régions tempérées ;
  • la fumonisine B1, présente dans le maïs, blé et autres céréales ;
  • la zéralénone (Zen) ;
  • l’ochratoxine A.

« Certaines mycotoxines, comme l’aflatoxine, le Don, le Zen et l’ochratoxine A, devraient devenir plus répandues à des températures plus élevées dans des conditions humides », l’humidité stimulant la croissance des champignons, estime l’Agence européenne de l’environnement.

Risque de contamination de l’eau potable

Des études menées pour prédire l’impact du changement climatique dans l’Union europénne ont par exemple montré que dans un scénario de + 2°C, la contamination par les aflatoxines du maïs augmentera, en particulier dans le sud de l’Europe (Espagne, Italie, Balkans). Dans un scénario à + 5°C, le risque de contamination pourrait diminuer dans les régions du Sud en raison de la chaleur extrême, mais les risques s’élargiront géographiquement pour inclure davantage de pays d’Europe du Nord.

Par ailleurs, la hausse des précipitations, des inondations et de l’érosion des sols pourrait transférer ces toxines du sol vers les rivières et les eaux souterraines. Cela augmenterait la probabilité de contamination des aliments humains et animaux, et amplifierait le risque que des mycotoxines se retrouvent dans le système d’eau potable.

« Lorsque les températures moyennes augmentent et que des phénomènes météorologiques plus extrêmes se produisent, comme de fortes pluies ou des sécheresses prolongées, le stress des plantes augmente, ce qui rend les céréales — en particulier le maïs — plus vulnérables aux infections fongiques et à la contamination par les mycotoxines », estime l’Agence européenne de l’environnement.

Conséquences économiques et de sécurité alimentaire

La contamination accrue des cultures entraînera une baisse des rendements, avec des pertes économiques, informe la publication. Les coûts pour l’échantillonnage, les tests et les rappels seront par ailleurs plus élevés, « ce qui perturbera les modèles de sécurité alimentaire et fourragère ainsi que les échanges commerciaux, tant au niveau de l’Union européenne que mondial. »

Les systèmes de cultures pourraient par ailleurs changer, les producteurs se tournant vers des cultures mieux adaptées aux nouvelles conditions agroenvironnementales. Face au risque croissance d’infections fongiques, l’agence européenne anticipe également une utilisation accrue de fongicides. Cela « nécessiterait une surveillance renforcée des résidus de fongicides et une réévaluation des risques qu’ils représentent pour la population, souligne la publication. Ces risques peuvent inclure une résistance aux antifongiques et, par conséquent, une augmentation mondiale des maladies fongiques humaines avec des pertes importantes de cultures vivrières et de bétail dues aux agents pathogènes fongiques. »

L’agence évoque plusieurs leviers pour lutter contre la contamination par les mycotoxines, comme la sélection de cultures résistantes aux infections fongiques, ou encore le recours à la lutte biologique et à des modèles prédictifs.