Vendredi 22 août 2025, deux agences onusiennes ont publié un rapport intitulé « changement climatique et stress thermique au travail ». Elles alertent sur les conséquences des vagues de chaleur sur la santé des travailleurs et travailleuses. « Le stress thermique a déjà une incidence néfaste sur la santé et les moyens de subsistance de milliards de travailleuses et de travailleurs, en particulier dans les communautés les plus vulnérables », a déclaré dans un communiqué le Dr Jeremy Farrar, sous-directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), chargé de la promotion de la santé, de la prévention des maladies et des soins.

À l’heure actuelle, selon l’OMS, « 2,4 milliards de travailleuses et de travailleurs sont exposés à une chaleur excessive dans le monde, ce qui entraîne plus de 22,85 millions d’accidents du travail chaque année ». « Les travaux de construction en extérieur et les travaux agricoles pendant la saison chaude sont souvent considérés comme les professions les plus à risque en termes de morbidité et de mortalité liées au stress thermique sur le lieu de travail », souligne également l’OMS.

Risques pour la santé

La chaleur peut avoir des effets immédiats sur la santé des travailleurs : fatigue, crampes, œdèmes, vertiges, voire malaise, éruptions cutanées (miliaire rouge). D’autres conséquences peuvent être plus graves et nécessiter une hospitalisation. Parmi elles : l’épuisement par la chaleur, le coup de chaleur, des dysfonctionnements au niveau des reins (lésions rénales, calculs rénaux…). « Le coup de chaleur provoque souvent des lésions tissulaires/organiques résiduelles qui ne sont pas facilement détectables, mais qui sont liées à une augmentation de la morbidité et de la mortalité à long terme », prévient le rapport.

La chaleur dégrade également la santé mentale des travailleurs et travailleuses. « Une étude à grande échelle réalisée à l’aide de questionnaires envoyés par courrier à environ 25 000 travailleurs en Thaïlande a révélé que le stress thermique au travail est associé à une augmentation de la détresse psychologique. » La chaleur peut également provoquer « des troubles du jugement, de la concentration, de la vigilance, de la dextérité et de la coordination ».

« De plus, des données méta-analytiques suggèrent que la chaleur environnementale réduit les capacités humaines de traitement de l’information et les capacités psychomotrices d’environ 10 %. » Ces effets sur la santé pénalisent le travail effectué. Selon l’OMS, au-dessus de 20°C, la productivité diminue de 2 % à 3 % par degré. « La protection des travailleuses et des travailleurs contre la chaleur extrême est non seulement un impératif sanitaire, mais aussi une nécessité économique », a alerté Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’Organisation mondiale météorologique (OMM), dans un communiqué.

Recommandations

Face à ce constat, l’organisation partage plusieurs recommandations. Elle demande notamment à ce que les politiques sanitaires soient adaptées à la chaleur, au type d’emploi et aux vulnérabilités des travailleurs, pour que les populations les plus à risques puissent bénéficier de programmes spécifiques adaptés. Toutes les politiques mises en place sur l’adaptation du travail à la chaleur doivent inclure les différentes parties prenantes : syndicats, professionnels de santé, autorités locales, experts…

Au sein des entreprises, il est nécessaire de former le personnel à repérer les signes du stress thermique et aux premiers secours afin qu’ils puissent agir en cas de problème. Toutes les mesures mises en œuvre pour réduire le stress thermique sur le lieu de travail doivent être pensées également en tenant compte de leur « faisabilité pratique, viabilité économique et durabilité environnementale ». Enfin, l’OMS appelle à continuer la recherche et à trouver des « solutions innovantes ».