« Je ne sais pas si vous connaissez beaucoup de vaches premier prix, moi non, cingle le président de Syndilait, la fédération des fabricants français de lait de consommation, Romain Deurbergue, en conférence de presse à Paris le 15 mai 2025. Le lait qu’on met dans les briques UHT de premier prix est le même que dans les produits de marques de distributeurs (MDD) ou de marque nationale. »
Syndilait défend la barre des 1 € par brique de litre de lait demi-écrémé premier prix sans bouchon, contre les 94 centimes affichés en rayons en 2024. Un prix « trop bas », « insuffisant », et des Français en majorité prêts à mettre la main au porte-monnaie pour compenser les quelques centimes manquants, selon une enquête commanditée par le Cniel (interprofession laitière) en décembre 2024.
Sur l’ensemble du marché, le prix de vente moyen du litre de lait UTH demi-écrémé se situe un peu au-dessus, à 1,09 € par litre en 2024. C’est une stabilisation par rapport au prix de 2023, qui affichait 3 centimes de moins. Dans le détail, les bouteilles de lait de marques nationales tablent autour des 1,20 €. Les MDD, moins gourmandes, se vendent à environ 1,05 € le litre en 2024, selon Syndilait.
Besoins en investissements de 1 milliard d’euros
Ce maintien des prix du lait liquide vendu en grande distribution est vu comme une nécessité par les laiteries adhérentes (LSDH, Terra Lacta, Candia, Alsace Lait…). Elles estiment avoir besoin d’investir 1 milliard d’euros d’ici à 2030 pour rester compétitives. Ils devront servir à rajeunir les outils de production, décarboner les emballages, innover…
Le « sous-investissement dans les outils industriels » est une tendance de fond qui inquiète. « Si nous n’avons pas les rentrées suffisantes pour financer ces investissements, on va les décaler jusqu’à ce que ça coince », projette le vice-président de Syndilait et président de LSDH, Emmanuel Vasseneix. Il dénonce une industrie prise en étau entre « une distribution hyperconcentrée » qui fait le jeu de l’État en militant contre l’inflation des produits alimentaires et la « sanctuarisation de la matière première ».
Du côté de la consommation du lait liquide, la tendance est au maintien en 2024, à 2,2 milliards de litres vendus. Les habitudes se décalent vers moins de lait le matin « avec des enfants qui sautent le petit-déjeuner », mais un regain d’attrait du lait pour l’utilisation en cuisine. Le lait entier a du succès, avec un rebond des ventes de 4,7 % en 2024. L’arrivée sur le marché du lait délactosé continue de recevoir un accueil favorable des consommateurs, avec une hausse de 4,7 %.