Engagé en avril 2022, le repli du cours de la poudre de lait écrémé se poursuit et inquiète les producteurs laitiers. Avec un prix sous la barre des 3 000 €/t en décembre 2022, son niveau était inférieur de 10 % à celui de décembre 2021. « Les données de production, d’importations et d’exportations semblent indiquer qu’il y a des stocks de poudre dans l’Union européenne à 27 », commente Jean-Marc Chaumet, le directeur du service de l'économie du Cniel. Les prix élevés des ingrédients, couplés à la hausse de la production chinoise ont conduit à une diminution des exportations européennes par rapport à 2021. Le recul de la collecte européenne sur les neuf premiers mois de l'année a également limité les disponibilités.

Vers une baisse en Europe du Nord
Avec des prix payés aux producteurs dépassant 600 €/t dans certains d’Europe du Nord, il est probable qu'un plafond ait été atteint, car le marché des commodités influence fortement la rémunération des éleveurs allemands ou néerlandais. « Beaucoup d’indices laissent entendre une baisse des prix, estime Jean-Marc Chaumet. Les volumes sont au rendez-vous, car les éleveurs augmentent la production par vache en prévision de la baisse des cours. »
Le prix du lait français pourrait cependant se maintenir, car les ingrédients sont une composante moins importante du prix dans l'Hexagone. En effet, 40 % du lait français est valorisé en produits de grande consommation écoulés sur le marché national. Le marché des commodités laitières ne représente qu'environ 25 % du mix-produit de la ferme laitière France.
Dans ce contexte, l’issue des négociations commerciales en cours entre transformateurs et distributeurs, qui devraient se poursuivre jusqu’au Salon de l’agriculture, aura une influence directe sur l’évolution des prix payés par les laiteries. « Les prix européens sont assez découplés, il n’est pas aberrant d’imaginer une convergence des courbes, voire un croisement dans les mois à venir, cherche à rassurer l’économiste. Quoi qu’il en soit, on s’attend à ce que les prix restent élevés a minima sur le début de l’année, car la France a encore une marge de progression. »
La collecte en baisse

Le recul de la collecte laitière française en 2022, de l’ordre de 1 % par rapport à 2021, pourrait avoir un impact positif sur les négociations. « Les industriels expliquent que la fidélisation des producteurs et le maintien de l'approvisionnement deviennent stratégiques, note Jean-Marc Chaumet. Cela devrait maintenir une pression à la hausse sur les prix, mais difficile de dire s’ils seront à la hauteur des attentes des agriculteurs. »