« Il faut bien avoir en tête que si la peste porcine africaine (PPA) entre sur le territoire et que nous nous retrouvons en zone réglementée, nous en avons pour plusieurs années », prévient le vice-président de la Fédération nationale porcine (FNP), Thierry Marchal, lors du congrès de l’association spécialisée de la FNSEA, à Angers (Maine-et-Loire), le 13 juin 2025. Pour lui, il est impératif que les élevages soient pleinement conformes aux normes renforcées de biosécurité : « C’est indispensable pour bénéficier d’une dérogation, maintenir les mouvements d’animaux, et continuer à commercialiser les porcs », insiste-t-il.
Près de 8 000 sites audités
Selon les dernières données issues de l’outil professionnel Pig connect biosécurité, qui permet d’évaluer le degré de conformité des sites d’élevage aux exigences sanitaires, 7 728 élevages en activité avaient été audités au 26 mars 2025. Ce chiffre représente 57 % des sites porcins en France, mais couvre à lui seul 91 % de la production nationale. Ont été audités : 69 % des sites d’élevage en bâtiment (91 % des élevages en France) ; 20 % des sites d’élevage avec un accès au plein air (8 % des élevages en France) ; 86 % des sites d’élevage en production organisée ; 21 % des sites d’élevage indépendants.
« Environ un quart de la production est conforme à 100 % sur l’ensemble des critères », alerte Thierry Marchal. Un chiffre jugé insuffisant par la profession. Elle souhaite par conséquent sensibiliser les éleveurs à l’importance de mettre leur élevage en conformité avec les normes de biosécurité, au cas où la maladie toucherait la France. En zone réglementée, des restrictions s’appliquent concernant notamment de l’interdiction de mouvements d’animaux à partir de la zone de protection.
Mais des dérogations sont possibles si des mesures de biosécurité européennes renforcées sont respectées. Le mouvement d’animaux est alors qualifié « MR-PPA ». Les porcs peuvent être envoyés vers un abattoir et/ou un autre élevage. Sinon, le mouvement est qualifié « MNR-PPA ».
Dans ce cas, « les éleveurs pourront livrer les abattoirs à condition que ceux-ci acceptent ces animaux, qui n’auront pas le même cachet sanitaire, et par conséquent, pas la même valeur économique, prévient le responsable. Il est donc indispensable de faire en sorte que nos élevages soient conformes à la biosécurité pour obtenir une dérogation, et continuer à commercialiser les porcs. »
La FNP craint que, faute d’amélioration en matière de biosécurité, les situations financières ne se dégradent rapidement dans les élevages. Elle appelle a minima à « se mettre à jour dans les zones les plus proches des foyers ». À ce stade, 51 % des sites d’élevage seraient qualifiés « MNR-PPA » sur la base des grilles de la DGAL (Direction générale de l’alimentation).
Présente pour conclure le congrès, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, assure : « Je sais les inquiétudes concernant la diffusion de proche en proche de la peste porcine africaine par de sangliers sauvages infectés. » Elle rappelle que des moyens ont été mis en œuvre dans le cadre du plan national d’action visant à prévenir l’introduction et la propagation de la PPA : 3 000 audits de biosécurité, 600 formations d’auditeurs, un financement de l’État de 2 millions d’euros, des pièges à sangliers déployés dans les départements les plus exposés… liste la ministre.
Une convention avec l’association des lieutenants de louveteries a aussi permis d’équiper les territoires en matériel de capture. « C’est une digue qu’il nous faut entretenir sans relâche », insiste Annie Genevard.