Mardi 28 octobre 2025, lors des questions au gouvernement, la députée Françoise Buffet (Ensemble pour la République, Bas-Rhin) a interpellé la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, au sujet de la proposition de réforme de la Politique agricole commune (Pac) présentée par la Commission européenne.

Un « non-sens absolu »

L’élue a dénoncé le contenu de cette réforme, la qualifiant de « non-sens absolu », car elle entraînerait une baisse budgétaire de 20 % pour la période 2028-2034, menaçant la survie des exploitations fortement dépendantes des aides européennes. En France, les aides européennes représentent en moyenne 74 % du revenu agricole, selon Françoise Buffet.

« Comment imaginer une baisse de 20 % des soutiens dans un tel contexte ? » s’est-elle interrogée, rappelant que la ministre elle-même avait reconnu, durant l’été, que « les montants annoncés apparaissaient en décalage avec les déclarations de la Commission sur l’importance stratégique du secteur agricole ».

La députée a aussi fait valoir que « plus d’un agriculteur sur deux gagne moins de 1 000 euros par mois », évoquant la situation d’un éleveur de sa circonscription qui « craint pour la survie de milliers d’exploitations », notamment dans les filières bovines.

Garanties budgétaires

En réponse, la ministre de l’Agriculture a confirmé que la France partageait les inquiétudes concernant la robustesse et le budget de la nouvelle Pac, qui modifie son architecture en renationalisant une partie des fonds. Elle a insisté sur la nécessité d’une Pac solide pour la souveraineté alimentaire et la pérennité des revenus agricoles, promettant une vigilance et une détermination accrues afin d’obtenir des garanties budgétaires pour les agriculteurs.

Le matin même, Annie Genevard avait reçu, aux côtés du Premier ministre Sébastien Lecornu, le commissaire européen à l’Agriculture Christophe Hansen, pour un entretien largement consacré aux contours de la nouvelle Pac. « La proposition de la Commission inquiète en effet parce qu’elle bouleverse l’architecture de la Pac », a expliqué la ministre.

Le projet abandonne le principe d’un fonds unique et indépendant au profit d’une structure bicéphale : une partie sanctuarisée, à hauteur de 50,9 milliards d’euros par an (contre 65 milliards actuellement), et une partie renationalisée, c’est-à-dire dont la gestion reviendrait partiellement aux États membres.

« On abandonne le caractère commun de la Pac, qui a pourtant montré son utilité et son efficacité », a déploré Annie Genevard, convaincue que le système a pourtant fait ses preuves. Néanmoins, la partie non sanctuarisée du fonds pourrait être mobilisée afin de « compléter cette somme initiale de manière que nous nous y retrouvions par rapport au montant de la Pac actuelle », a-t-elle tempéré.

Présente la veille au Conseil Agriculture et pêche à Luxembourg, où se réunissent les ministres de l’Agriculture des Vingt-Sept, Annie Genevard a affirmé que l’ensemble de ses homologues européens avaient signifié au commissaire la nécessité d’« obtenir des garanties » pour les agriculteurs. « On n’a jamais eu autant besoin de la Pac pour relever les défis qui sont devant nous », a conclu la ministre, promettant de s’y employer « avec une grande détermination », aux côtés du Premier ministre.