Avec la mise en place de la nouvelle mouture de la Pac en 2023, 27 % des exploitations ont vu leur niveau d’aide baisser d’au moins 5 % en 2023 par rapport à 2022. Les chiffres publiés le 22 octobre 2025 par Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, montrent aussi que le niveau des aides de la Pac a augmenté d’au moins 5 % pour 34 % des bénéficiaires et qu’il est resté stable — à plus ou moins 5 % — pour 40 % des fermes. Ces chiffres concernent les exploitations bénéficiaires de la Pac à la fois pour 2022 et 2023 (échantillon constant).

Élevage et grandes cultures pénalisés

Agreste observe que les élevages de bovins à viande et les exploitations de grandes cultures sont davantage pénalisés que celles des autres filières. 36 % des élevages de bovins à viande ont vu leurs aides baisser (d’au moins 5 %) ainsi que 32 % des exploitations en grandes cultures. En bovins à viande, le montant moyen des aides a diminué de 800 € en 2023, « du fait de la baisse des aides couplées animales et, dans une moindre mesure, de celle de l’écorégime par rapport au paiement vert », souligne Agreste. « Ces baisses ne sont pas compensées par la hausse d’autres aides (paiement de base, assurance récolte et aides végétales). »

La réforme prévoyait en effet une baisse de l’enveloppe des aides couplées animales, notamment de l’aide bovine à l’UGB, au profit des aides végétales avec les aides aux protéines végétales et la création de l’aide au petit maraîchage. C’est ce que constate Agreste qui pointe que « le montant total des aides animales a baissé (–5 %), et celui pour les aides végétales a augmenté (+18 %) ».

(©  Agreste)

En grandes cultures, les exploitations ont perçu en moyenne 300 € de moins en 2023, « en raison du passage du paiement vert à l’écorégime ». En effet, Agreste relève que l’enveloppe du paiement vert était de 2 milliards d’euros en 2022 alors que celle de l’écorégime atteint 1,8 milliard d’euros. Conformément à ce qui était prévu dans la nouvelle programmation, 25 % de l’enveloppe du premier pilier est pour l’écorégime en 2023 contre 30 % pour l’ancien paiement vert.

À l’inverse 71 % des exploitations viticoles voient le montant de leurs aides progresser « de manière significative » (d’au moins 30 %) et 54 % des fermes en maraîchage et horticulture.

Baisse des aides pour 25 % des bio

25 % des exploitations en agriculture biologique ont vu leurs aides Pac baisser — elles sont 34 000 au total dans l’échantillon (convertie ou en conversion), ayant reçu des aides Pac à la fois en 2022 et 2023. La moitié a constaté une augmentation de ses aides et un cinquième une stabilité, à plus ou moins 5 %.

En moyenne, la baisse des aides bio du second pilier (aide au maintien) observée, –870 € par bénéficiaire, a été compensée par une hausse de 830 € sur l’écorégime (comparativement au paiement vert de 2022). En moyenne, Agreste observe une hausse des aides de 6 % par bénéficiaire, notamment « avec la hausse du paiement de base et de l’aide à l’assurance récolte, et dans une moindre mesure celle des aides végétales, du paiement complémentaire jeune agriculteur et des MAEC ».

Moins de demandeurs

Avec l’application du critère « agriculteur actif », qui implique pour le demandeur de plus de 67 ans de ne pas avoir fait valoir ses droits à la retraite, le nombre de bénéficiaire de la Pac a notablement baissé pour la campagne de 2023. Il est passé de 308 000 à 276 600, soit 31 400 demandeurs en moins en un an, « contre une baisse de l’ordre de 5 000 bénéficiaires par an en moyenne entre 2015 et 2022 ».

Agreste souligne que les exploitants sortants sont notamment « des exploitants âgés et cultivant de petites surfaces : les 67 ans ou plus ne représentent ainsi plus que 2 % des bénéficiaires de la Pac en 2023, contre 10 % en 2022 ».

(1) Agreste Primeur, Pac : bilan de la première année de la programmation 2023-2027, octobre 2025.