Le 16 juillet dernier, la Commission européenne a présenté son cadre financier pluriannuel — c’est-à-dire son budget — pour la période qui va de 2028 à 2034, ainsi que la nouvelle mouture de la politique agricole commune (Pac). Si le budget global de l’Union européenne affiche une hausse, la Pac pourrait voir son enveloppe fondre de près de 20 % à compter de 2028.
Opposés à ce projet de réforme, les syndicats d’agriculteurs européens Copa et Cogeca (syndicat européen d’agriculteurs et de coopératives agricoles), la FNSEA et Jeunes Agriculteurs appellent à manifester le 21 octobre 2025, devant le Parlement de Strasbourg. Dans leur communiqué, ils soulignent que la balle est désormais dans le camp des colégislateurs — le Parlement européen et le Conseil.
Car des eurodéputés envisagent encore de rejeter le plan de la Commission, explique le secrétaire général de la FNSEA, Hervé Lapie, contacté par La France Agricole le 20 octobre. Notamment au sein des deux principaux groupes (le PPE à droite, et les socialistes du S & D). L’action des syndicats vise principalement à les soutenir, explique-t-il, et à pousser la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à “revoir sa copie”. Si aucune inflexion n’est obtenue, une réflexion sera menée sur la nécessité d’une action syndicale européenne de plus grande ampleur avec les collègues européens, prévient Hervé Lapie.
Contradictions et enjeux
Hervé Lapie dénonce une proposition qui « ne tient pas compte de l’inflation et affecte à la fois le premier et le deuxième pilier du budget ». Pour lui, « cette situation est perçue comme le signe d’une Europe qui abandonne sa souveraineté alimentaire et les fondations de ce qui a été construit au niveau de l’Union européenne depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale ».
Le secrétaire général de la FNSEA souligne le paradoxe d’une agriculture à qui l’on demande de gérer des enjeux majeurs — souveraineté alimentaire, climat, biodiversité — avec de moins en moins de moyens financiers. Par ailleurs, sans un soutien suffisant via la Pac, les revenus agricoles ne seraient pas viables, compromettant le renouvellement des générations d’agriculteurs, insiste le représentant syndical.
Selon Hervé Lapie, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, semble partager les préoccupations du Copa-Cogeca, mais les syndicats ont « l’impression qu’Ursula von der Leyen a pris le dessus sur tous ses commissaires et n’écoute pas grand-chose ». Cette attitude s’illustre notamment par l’entêtement de la présidente de la Commission concernant l’accord du Mercosur, largement rejeté par le monde agricole.