« Pour moi, c’était roquefort ou roquefort », s’exclame Anthony Soulié, éleveur ovin à Sainte-Radegonde dans l’Aveyron. Il faut dire que sa famille livre du lait pour le roquefort « depuis au moins les années 1940 ». Une longue histoire, tout comme celle du fameux fromage. 1925 figure parmi les dates clés qui ont marqué son évolution. Il y a 100 ans, le roquefort obtenait la première appellation d’origine de France.
Sébastien Vignette, secrétaire général de la Confédération générale du Roquefort, précise : « La filière décidait alors de se limiter au lait de brebis, collecté en France et affiné dans les caves de Roquefort-sur-Soulzon. » Aujourd’hui, des critères plus stricts ont été établis : le lait doit être cru et entier, issu de brebis de race lacaune, collecté à 100 km autour de Roquefort.
Campagne de communication
« Il y a d’autres points importants, ajoute Anthony Soulié. Une alimentation essentiellement à base de céréales, d’herbe et de fourrage est requise et la ferme doit être autonome à 80 %. Pour moi, ces exigences justifient l’ancrage territorial, donc l’AOP et une meilleure valorisation. »
Ainsi, tout en soulignant que « chaque maison a des méthodes différentes de paiement du lait » et que son lait est « plus riche que la moyenne », l’éleveur déclare un prix moyen de vente de 1,20 euro par litre. Si des manifestations avaient notamment eu lieu devant l’entreprise Société, pour dénoncer un prix insuffisant du lait, « il y a eu des efforts de réalisés, notamment en bio », assure Sébastien Vignette.
Est-ce suffisant pour attirer de nouveaux éleveurs ? « Nous sommes plutôt mieux lotis que dans d’autres filières », répond le secrétaire général. Ainsi, « un éleveur s’installe pour deux départs (contre un pour trois en France) et 32 % des éleveurs ont plus de 55 ans dans la filière du roquefort (contre 43 % à l’échelle nationale) ». Le problème du « renouvellement des générations » vaut aussi pour les acheteurs.
La consommation du « roi des fromages » baisse de 3 à 4 % par an depuis 2022. C’est pourquoi l’AOP lance une campagne de communication pour ses 100 ans. L’objectif, résume Sébastien Vignette, est de continuer à « faire entrer le roquefort dans les cuisines ».