À Nogent-sur-Seine dans le département de l’Aube, l’usine de Soufflet Malt tourne à plein régime. Toute l’année, elle transforme de l’orge brassicole en malt, matière première utilisée par les brasseurs pour la fabrication de la bière. La céréale est cultivée dans un rayon de 60 km autour du site. Les grains sont stockés dans les silos de Soufflet Agriculture, situés tout à côté.
Avec une capacité de production de 275 000 tonnes de malt par an, le site de Nogent-sur-Seine est le plus important de France et l’un des plus grands d’Europe. Mais ce géant industriel est aussi un gros consommateur d’eau et d’énergie. « Notre objectif est de réduire de 50 % nos émissions de gaz à effet de serre et de 30 % nos consommations en eau d’ici à 2030 », a indiqué Sophie Godier de Gombert, directrice de la RSE chez Soufflet Malt, le 17 juin 2025 en conférence de presse. Des mesures certes « ambitieuses » mais l’usine de l’Aube part avec un certain avantage : le site historique, construit dans les années 1970, accueille depuis 2010 une seconde malterie, plus efficiente en eau et en énergie.
Régénérer l’eau
La première étape du parcours de l’orge dans la malterie est le trempage. Son objectif : faire passer le grain de 12-13 % à 40-45 % d’humidité. D’un point de vue environnemental, l’unité est déjà bien optimisée. En effet, les 3 ou 4 m³ d’eau consommée par tonne de grain sont filtrés dans une station d’épuration, puis rejetés dans la Seine. Les boues sont, quant à elles, épandues au champ ou bien dirigées vers une unité de méthanisation.
Pour réduire la consommation d’eau du trempage, Soufflet Malt a pour projet d’investir dans un système breveté de régénération de l’eau : « Optisteep ». Ce dispositif permet d’éliminer les inhibiteurs de germination libérés naturellement par l’orge lorsqu’elle germe. « Nous pourrons utiliser la même eau deux fois, en la faisant passer de la première à la deuxième cuve de trempage », explique Jean Philippe Jelu, directeur des sites industriels de Soufflet Malt.
Un séchage par palier
Une fois trempé, le grain arrive dans l’un des cinq germoirs du site, chacun pouvant en accueillir jusqu’à 590 tonnes. Ces cinq unités disposent d’un système de ventilation composé de volets, récupérateurs d’énergie. Les coproduits issus de la germination sont agglomérés en pellets, pour être valorisés en alimentation animale.
L’orge germée termine son parcours avec le touraillage. L’objectif de cette ultime étape est de ramener l’humidité du grain à 4 %. « Pour faire des économies d’énergie, la ventilation se fait par paliers : un premier à une température de l’air de 60°C pour atteindre 12 % d’humidité, et un second avec de l’air à 80°C pour faire ressortir l’humidité restante », explique Jean Philippe Jelu. Par ailleurs, le système fonctionne en flux croisés, c’est-à-dire qu’une « même énergie sèche deux couches de grains ». L’unité elle-même est récupératrice d’énergie grâce à des tubes de verre qui collectent de l’eau condensée à 25°C.
Sur le touraillage, Soufflet Malt a pour projet de développer la géothermie. Un moyen d’augmenter la part de renouvelable dans le mix énergétique et ainsi de contribuer à l’atteinte des objectifs globaux du groupe : réduire de 50 % son empreinte carbone d’ici à cinq ans.