L’orge d’hiver est globalement en bon état. Les stades sont en avance de dix à quinze jours par rapport à la moyenne. « La pluie a permis une bonne valorisation des apports d’azote. Le risque de verse est assez élevé, par élongation des tiges », rapporte Diane Chavassieux, d’Arvalis.
L’humidité lors des semis des orges d’hiver ou de printemps semées à l’automne soulève des craintes sur l’enracinement, et sur la capacité des plantes à s’alimenter en cas de stress hydrique. « Plus il pleut, moins les racines descendent loin. Les tassements les empêchent par ailleurs de se développer, explique Diane Chavassieux. On observe des orges d’hiver qui moutonnent (effets de vagues), ce qui est typique des défauts de structure du sol. »
Pression des maladies
Peu de créneaux ont été disponibles à l’automne pour désherber, voire parfois aucun. La pression des adventices est d’autant plus préoccupante cette année, tant sur le rendement (concurrence) que sur la qualité (impuretés, ergot…). Le risque de maladies, qu’Arvalis estime « moyen » actuellement, pourrait devenir très fort s’il continue de pleuvoir. « Les températures fraîches actuelles ralentissent toutefois leur progression », souligne l’ingénieure.
La majorité des orges de printemps ont été semées tardivement, après la mi-mars. Pour autant, « on peut avoir de belles surprises », indique Diane Chavassieux. Arvalis a étudié le lien entre date de semis et rendement. En moyenne, la probabilité d’atteindre le rendement maximal est réduite de 20 % en cas de semis tardifs de l’orge de printemps. Cela dépend toutefois du type de sol.
120 mm entre semis et épiaison
La qualité d’implantation a parfois été « limite », les agriculteurs ayant eu tendance à semer « coûte que coûte ». L’orge de printemps doit cumuler 120 mm entre le semis et l’épiaison pour assurer un nombre de tiges suffisant. « Après le 20 mars, on a 5 à 6 chances sur 10 d’y parvenir », souligne la spécialiste.
Le nombre de tiges à plus de trois feuilles quand la culture est au stade épi 1 cm, représente le nombre de tiges ayant le plus de chance de donner des épis. Il se situe autour de 900/m² cette année en orge d’hiver, par extrapolation des essais d’Arvalis entre 2017 et 2023. « Nous ne sommes pas sur un excédent de tiges, mais le potentiel nombre d’épis reste bon, autour de 500 épis/m² en milieu séchant et 700 épis/m² en milieu plus favorable », souligne l’ingénieure.
40 % du rendement de l’orge de printemps est déterminé par le nombre d’épis. « Si la tendance reste pluvieuse, on aura plus d’épis que de nombre de tiges. » En effet, à la différence de l’orge d’hiver, les talles secondaires de l’orge de printemps peuvent monter à épi. « Le sec réduira au contraire le nombre d’épis », explique Diane Chavassieux.
L’ingénieure temporise toutefois : « les orges semées en mars sont au stade fin tallage. Elles ont passé une grande partie de leur cycle avec ce qu’il faut, une levée rapide et homogène, une bonne valorisation des apports d’azote, les réserves hydriques sont pleines… Même s’il se met à faire sec, on part sur une bonne base. »