La précocité restera dans les mémoires pour cette moisson de 2025. Selon le dernier rapport Céré’Obs, toutes les orges d’hiver auront été récoltées au 14 juillet, contre 78 % l’année dernière et 83 % sur les quatre dernières années. Le blé tendre était, quant à lui, récolté à hauteur de 71 % en ce jour de fête nationale, contre 12 % en 2024 et 36 % en moyenne sur cinq ans. Enfin, l’orge de printemps était moissonnée à 64 % (11 % en 2024 et 30 % en moyenne sur cinq ans).
Des zones à terminer dans le Nord
Dans les régions les plus méridionales, la moisson affiche jusqu’à 15 jours d’avance. En remontant vers le Nord, les récoltes des céréales à paille, mais aussi du colza, se terminent, voire sont déjà finies : un fait « exceptionnel » pour certains secteurs, comme en Bretagne selon un opérateur local.
Les zones de montagne restent à faucher, de même que certains territoires de la Haute-Normandie, comme en Seine-Maritime où « il y a encore beaucoup à faire », estime un collecteur. Les pluies de ces derniers jours, bénéfiques aux cultures d’été en difficulté, ont stoppé les récoltes en cours : elles devraient reprendre dès le retour des beaux jours.
Rendements au rendez-vous
Pour l’heure, les rendements sont au rendez-vous, tout du moins dans la moyenne quinquennale. C’est un soulagement pour les producteurs, après une récolte catastrophique en 2024. Le moral est donc meilleur, sans être pour autant dans l’euphorie au vu des prix sur les marchés (voir l'encadré).
De plus, des hétérogénéités sont observées, parfois au sein d’une même exploitation en fonction des dates de semis. « Tous les semis réalisés assez tôt en bonnes conditions ont des rendements plutôt très bons, a rapporté le président de FranceAgriMer, Benoit Piètrement, le 16 juillet. Tout ce qui a été fait plus tard ou dans des terres à plus faible potentiel a pu être impacté par le coup de sec du printemps et du début d’été ». Deux opérateurs rapportent aussi des orages localisés accompagnés de grêle, qui ont détruit tout ou partie des cultures.
Bonnes qualités en orges
Première culture récoltée, l’orge d’hiver est globalement satisfaisante en rendement. De « bonnes surprises » sont rapportées dans le Nord avec des rendements au-dessus de la moyenne quinquennale. Les déceptions se confirment plus au Sud, comme dans le Gers, en raison des excès d’eau en hiver.
En orge de printemps, « il y a de tout » en rendement dans les Ardennes. Ces mêmes orges ont excellé en Lorraine. Les qualités des orges, toutes variétés confondues, sont globalement au rendez-vous, avec de bons calibrages et des protéines dans les normes.
Blé « souvent limite » en protéines
En blé tendre, des rendements corrects à bons sont rapportés un peu partout en France. Un constat partagé par Argus Media, qui estime un rendement moyen national à 7,44 t/ha, soit une hausse de 3,4 % par rapport à la moyenne olympique de 2017 à 2023. « Cela cache des disparités régionales », nuance le cabinet dans son communiqué du 22 juillet. En effet, dès lors qu’il s’agit de parcelles plus séchantes, le manque d’eau a pu être pénalisant pour la céréale. « Le blé n’a pas eu de pression maladie, ce sont plus les stress hydriques qui ont fait perdre quelques quintaux », confirme un opérateur de l’Ouest.
Dans certains territoires du Sud-Ouest, les rendements se trouvent sous la moyenne quinquennale, là aussi en raison de la météo : « les blés ont souffert avec beaucoup d’eau en automne et hiver puis le gros coup de chaud au printemps », rapporte une coopérative.
Finalement, Argus Media estime une production nationale en 2025 à 33,40 millions de tonnes, soit une progression de 30,2 % sur un an, sans pour autant revenir à la moyenne olympique de 2017 à 2023. « La performance du rendement en 2025 reste trop limitée pour compenser le déclin des surfaces », analyse le cabinet.
Le rendement du blé tendre rebondit de 19 % en 2025 (15/07/2025)
Hétérogène sur les rendements, le constat des collecteurs est bien plus unanime concernant la qualité : la protéine est « souvent limite », conduisant parfois à des déclassements. Les poids spécifiques (PS) sont quant à eux corrects à bons. À l’échelle nationale, Argus Media estime une qualité du blé au rendez-vous, avec un taux de protéines dans les normes et « qui dépasse les 11 % dans l’ensemble ».
« Les très bons poids spécifiques et le faible taux d’humidité seront des atouts. Ces critères sont scrutés de près par les importateurs et apportent un gain supplémentaire en termes de logistique maritime », complète le cabinet.
Bonne année pour le colza
En colza, les surfaces récoltées présentent globalement de bons rendements, malgré certaines difficultés de début de campagne. « Nous étions inquiets après les semis car les cultures ont eu longtemps les pieds dans l’eau, rapporte un opérateur de Normandie. Elles se sont finalement très bien refaites avec des moyennes à 40 q/ha et plus ». D’autres acteurs estiment une collecte correcte, sans être exceptionnelle, comme dans les Ardennes et dans le Sud-Ouest. Les amplitudes de rendement sont parfois importantes : de 20 à 50 q/ha par exemple sur le secteur (quoique très étendu) de Soufflet Agriculture.
Enfin, les pois protéagineux sont à ce stade satisfaisants dans les secteurs historiques de production, avec des rendements supérieurs à la moyenne quinquennale. Dans le Sud-Ouest, les moissons en cours de lentilles et pois chiche sont pour l’heure plutôt encourageantes.