En France, l’état des cultures d’été est assez hétérogène en cette fin du mois de juillet 2025. Si dans certaines régions, le manque d’eau s’est fait ou se fait encore sentir, les perspectives sont prometteuses dans d’autres zones.
« Très sec » dans le Tarn-et-Garonne
Du côté de la Dordogne, les maïs « sont déjà cramés », nous signale un opérateur. Les tournesols, eux, sont en meilleur état. Dans le Tarn-et-Garonne, c’est « très sec » et on se dirige vers « une année moyenne en étant optimiste », nous dit-on. Des restrictions de prélèvement d’eau y sont déjà à l’œuvre. Dans le Gers, elles sont craintes pour l’irrigation des maïs, qui terminent leur floraison. Dans le département, les tournesols ne sont « pas beaux » : après de sérieux problèmes d’enracinement, ils manquent d’eau.
Dans le quart sud-est, où l’irrigation est largement mobilisée, « il n’y a pas de souci particulier ». Grâce aux précipitations de cet hiver, l’approvisionnement en eau semble assuré.
Au 22 juillet 2025 d’après le site gouvernemental VigiEau, 23,4 % de la surface de la France métropolitaine était concernée par des restrictions de prélèvement d’eau, et 1,9 % par des interdictions totales. 34,8 % des surfaces faisaient l’objet d’une vigilance sur l’eau.
Des rendements déjà affectés
Au nord de Toulouse, les cultures subissent du stress hydrique « depuis longtemps » et le rendement est « déjà affecté ». Les tournesols résistent un peu mieux que les maïs, notamment ceux qui ont été semés tôt. Mais « ils ne pourront pas exprimer leur plein potentiel alors qu’ils étaient beaux au début ».
Même son de cloche un peu plus au sud : les premiers tournesols semés ne s’en sortiront « pas mal » mais « ne feront pas ce qu’on pouvait espérer à l’implantation, qui avait été très belle. » Certains maïs ont fleuri pendant la semaine à 35-40 °C et accusent le coup. Si le maïs irrigué est « plutôt pas mal », les parcelles en sec ont « tendance à décrocher ».
La situation est similaire en Rhône Alpes, où les cultures ont déjà souffert. Les rendements du maïs et du soja sont attendus en retrait de 15 à 20 % par rapport à la moyenne quinquennale. Le tournesol « s’en sort mieux », étant plus tolérant à ces conditions météo. En Auvergne, « on manque d’eau pour de vrai ça y est » : cela aura « forcément des conséquences ».
Vers la Vendée pour les cultures d’été, « jusqu’à ce week-end [19-20 juillet], c’était vraiment la catastrophe. » Les pluies tombées depuis « vont faire du bien ». Néanmoins, le manque d’eau aura déjà impacté les rendements. L’eau ne va « pas permettre de se rattraper en volume, mais au moins donner un peu de qualité ». Les tournesols semés précocement auront eu « plusieurs semaines sous la chaleur et sans eau », et des PMG bas sont attendus. Pour les semis plus tardifs, un rattrapage est encore possible.
Dégradation des conditions de culture
Selon Céré’Obs, 72 % des surfaces de maïs étaient dans de « bonnes à très bonnes » conditions de culture au 14 juillet, contre 75 % une semaine avant. Elles étaient « assez bonnes » pour 20 %, et « mauvaises à très mauvaises » pour 8 %. À cette date, c’était en Occitanie, dans le Centre-Val de Loire et en Bretagne que les conditions étaient les plus dégradées selon Céré’Obs.
Mais la Bretagne a reçu « minimum 50 mm d’eau depuis samedi [19 juillet], sans forte intensité, sur trois jours ». Une « super pluviométrie » qui va « remettre tout à plat sur le potentiel », nous signale-t-on.
Des maïs « magnifiques » dans les Ardennes
Du côté des Hauts-de-France, les maïs « se présentent bien » à la faveur de « pluies régulières ». En Normandie, ils sont jugés « plutôt pas mal ». À l’ouest de l’île de France, les précipitations tombées durant les quinze derniers jours « ont été bénéfiques pour le maïs, en période de floraison ».
Dans les Ardennes, les maïs sont « magnifiques ». De « beaux rendements » sont attendus. En Lorraine, maïs et tournesols sont « prometteurs ». En Alsace, les maïs tiennent et la floraison se déroule « à peu près correctement » pour l’instant, mais des précipitations sont espérées, sans quoi « on peut très vite basculer sur une situation critique ». Les marges sont faibles.
Partout, de la précocité
Partout, les opérateurs nous soulignent l’avance des cultures d’été. Les récoltes s’annoncent précoces. En Rhône Alpes par exemple, le début des récoltes de tournesol et de soja est attendu en deuxième et troisième semaines d’août ; en deuxième semaine de septembre pour le maïs grain. En Dordogne, les chantiers devraient débuter au 20 août, avec presque quinze jours d’avance.
Estimations de la Commission européenne
En France début juillet, « la chaleur et le manque de pluie ont eu un impact négatif sur les cultures d’été, notamment dans les régions du sud et de l’est », résume la Commission européenne dans un bulletin diffusé le 21 juillet, sur la base d’observations au 12 juillet. Elle a révisé à la baisse ses prévisions de rendement pour toutes les cultures d’été :
- Maïs grain : 89,0 q/ha, soit -3 % sur un mois, et stable par rapport à la moyenne quinquennale ;
- Tournesol : 23,0 q/ha, soit -1 % sur un mois, et + 2 % par rapport à la moyenne ;
- Soja : 25,5 q/ha, soit -1 % sur un mois, et + 6 % par rapport à la moyenne.
Les premières estimations de rendement des cultures d’été du ministère de l’Agriculture seront données en août.
À l’échelle européenne, la Commission indique qu’en Europe du Sud-Est, le développement des cultures d’été « a été freiné par un déficit pluviométrique persistant et des températures élevées ». C’est notamment le cas « en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie et, dans une moindre mesure, dans le sud de l’Espagne et en Italie ». Des baisses de rendement sont attendues.