« Le piétin échaudage est une maladie plus présente que ce que l’on croit », insiste Clément Gras, ingénieur chez Arvalis dans le Poitou-Charentes. Parasite des racines des céréales, le piétin échaudage entraîne des plantes chétives, un mauvais tallage, un jaunissement des feuilles, et un échaudage des épis en fin de cycle, qui deviennent blancs, en foyers.

La contamination en automne

Le champignon se conserve sur des résidus de cultures sous forme de mycélium pendant deux ans et a besoin d’une plante hôte pour se développer. Il se transmet des résidus de cultures aux plantes saines, ou de racines contaminées à racines saines. La contamination intervient à l’automne, à la faveur de températures douces et d’un sol humide. « Les semis précoces de l’automne 2023 sont concernés par ce risque », explique Clément Gras.

Le blé dur est la céréale à paille la plus sensible à la maladie, suivie par le blé tendre, l’orge, le triticale et le seigle. Certaines espèces sont dites « amplificatrices », comme le maïs ou le ray-grass, c’est-à-dire qu’elles accumulent l’inoculum de la maladie sans exprimer de symptômes. « Il n’y a pas de conséquences pour la culture en place, mais pour la suivante », commente l’ingénieur. La maladie ne se développe en revanche pas sur les oléoprotéagineux, l’avoine, ou encore le sorgho.

Éviter le chaulage

Certaines pratiques sont à éviter sur les parcelles contaminées, comme le chaulage. La hausse brutale du pH perturbe en effet la flore antagoniste du piétin échaudage. « L’effet est d’autant plus néfaste avec un chaulage à la chaux qu’avec des carbonates qui ont tendance à relever le pH plus progressivement », indique Clément Gras.

Arvalis conseille par ailleurs de privilégier l’exportation des pailles, ou bien de les broyer finalement et de les éparpiller. « Attention également aux repousses de céréales et adventices graminées qui sont un relais pour le champignon », ajoute Clément Gras.

Plusieurs leviers de lutte sont disponibles : l’introduction de cultures non-hôtes dans la rotation, et en interculture, permet notamment de couper le cycle du piétin échaudage. « Décaler la date de semis vers des températures plus fraîches en automne défavorise la maladie », complète l’ingénieur.

Traitement de semences

Le traitement de semences Latitude XL sur blé et orge est la seule solution chimique autorisée, et est efficace à 50 %. Des essais sur blé menés par Arvalis en 2023 en Bretagne ont montré un gain de 10 q/ha dans la modalité avec le traitement de semences, à 65,7 q/ha, comparé au témoin non traité, à 56,6 q/ha. Le potentiel de l’année était estimé à 75 q/ha. « Le Latitude XL n’a pas permis d’aller chercher les 10 q/ha restants », indique Clément Gras. Les solutions de biocontrôle testées dans cet essai n’ont, quant à elles, pas montré d’intérêt.

Arvalis a par ailleurs étudié l’efficacité des engrais. Deux essais menés en 2017 ont montré une tendance légèrement positive sur le rendement d’un apport d’urée ou de phosphore au semis, sans être significatif. « Ces résultats restent à confirmer », rapporte l’ingénieur. Des essais de comparaison de forme de l’azote (ammonitrate ou sulfate d’ammonitrate) menés entre 2019 et 2022 n’ont pas montré de différence significative sur le rendement.