« Grâce à des semis précoces et des conditions climatiques idéales », cette campagne 2025 est « très favorable à la productivité » des betteraves, note l’Institut technique de la betterave (ITB) dans une publication du 6 août 2025. Il précise que la jaunisse est « le principal facteur limitant du rendement » dans les zones touchées. La Confédération générale des producteurs de betteraves avait alerté le 17 juillet dernier de la présence de la maladie sur l’ensemble des régions de production.
L’Île-de-France région la plus touchée
L’Île-de-France est la région la plus touchée par la maladie, constate l’ITB, avec 20 % des parcelles qui présentent des symptômes sur plus d’un quart de leur surface. En Champagne, « la situation jaunisse est fortement contrastée mais depuis quinze jours, les taux d’infestations augmentent dans près de la moitié des sites », rapportait le 6 août le Bulletin de santé du végétal (BSV) local.
À cette date, 96 % du réseau d’observation avait déclaré la présence de jaunissements « variant de quelques petits foyers diffus à 30 % de la surface parcellaire touchée ». « Un quart des parcelles présentent des taux d’infestation supérieurs à 10 % », ajoute-t-il. Comme en Champagne, le Centre-Val de Loire présente 10 % de parcelles touchées sur plus d’un quart de leur surface, estime l’ITB.
Les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Aisne et de la Seine-Maritime sont relativement épargnés sur cette campagne, rapporte l’ITB. « Les symptômes ne dépassent pas 5 % de la surface des parcelles les plus touchées, se manifestant généralement par quelques betteraves isolées ou des foyers très limités, sans impact sur la productivité », détaille l’institut.
Le 12 août 2025, l’équipe du BSV des Hauts-de-France signalait que « les symptômes de jaunisse s’extériorisent encore cette semaine, mais toujours en faible proportion », et invitait à faire attention à ne pas confondre ces symptômes avec des dégâts de punaises. « L’Eure, l’Oise et la Somme se situent dans une situation intermédiaire », précise l’ITB.
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— Benoît Lécuyer (@Benoit__lecuyer) August 9, 2025
Présence de jaunisse favorisée par plusieurs facteurs
Alors que la présence des pucerons a été bien maîtrisée entre le 10 et le 15 mai, « une recrudescence importante a été observée fin mai et début juin », explique l’ITB. À cette période, « les betteraves n’avaient pas toutes atteint le niveau de maturité qui freine la transmission virale, précise l’institut. Les betteraves les plus âgées à ce moment-là, avec une couverture du sol quasi complète, ont bien résisté. En revanche, les parcelles pour lesquelles la couverture foliaire était encore incomplète au 1er juin sont aujourd’hui les plus touchées, même si des traitements aphicides ont été réalisés pendant le pic de vol. »
Plusieurs facteurs ont favorisé la jaunisse, avance l’ITB : des semis plus tardifs en avril, un stress hydrique à l’implantation qui a freiné le développement, des dégâts de limaces ou de tipules qui ont entraîné la perte de plantes, ou encore des zones moins poussantes comme les buttes de craie.
« L’hétérogénéité d’une parcelle est un facteur aggravant, les pucerons étant attirés par des contrastes visuels et olfactifs », ajoute l’ITB. Par ailleurs, selon le sens du vent, « les zones abritées par des haies ou des bois sont également favorables à la présence de pucerons et de symptômes. Elles constituent en revanche un rempart physique pour freiner les vols de pucerons au sein d’un paysage. »
Forte présence du virus de la jaunisse grave BYV
L’ITB a effectué en juillet des tests virologiques qui ont montré une forte présence du virus de la jaunisse grave BYV (Beet yellows virus), « détecté dans 80 % des parcelles symptomatiques. » Les polerovirus sont en revanche beaucoup moins fréquents cette année, présents dans seulement 30 % des parcelles (contre 60 à 95 % les années antérieures).
« Ces résultats confirment l’hypothèse d’une contamination majoritairement survenue lors du pic de vol des pucerons fin mai et début juin, analyse l’ITB. En effet, la transmission virale du BYV reste possible pour des betteraves à un stade proche de la couverture, alors qu’elle est quasiment nulle pour les polerovirus. La forte présence de pucerons noirs, vecteurs spécifiques du BYV, a également contribué à la dynamique épidémiologique, même si le taux de transmission est plus faible qu’avec le puceron vert du pêcher. »