« Nous sommes tous dans le même bateau, c’est pourquoi nous unissons nos voix pour défendre l’élevage français », introduit Yoann Barbe, le président de la FNPL, lors d’une conférence de presse au Sommet de l’élevage (Cournon, Puy-de-Dôme), ce jeudi 9 octobre 2025. Fédération nationale bovine (FNB), Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Fédération nationale ovine (FNO) et Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC) étaient réunis au Sommet de l’élevage. En effet, les crises sanitaires répétées sur les cheptels français depuis 2023 représentent un enjeu majeur pour ces filières qui sont, selon eux, « fragiles », et dont les effectifs sont déjà en déclin.

Au cœur des préoccupations : la fièvre catarrhale ovine (FCO). « La FCO a été un séisme national pour la filière ovine en 2024, se désole Michelle Boudoin, présidente de la FNO. Nous avons perdu 38 000 brebis l’année dernière, nous sommes très fragiles face aux maladies. C’est un casse-tête chinois pour protéger nos brebis, notamment au niveau des coûts. » La syndicaliste chiffre les frais de vaccination à 8 000 € annuellement si un éleveur veut couvrir ses bêtes face à toutes les potentielles épizooties qui menacent le cheptel français, sur des revenus en moyenne de 20 000 € en ferme. C’est pour cette raison que la FNO a réussi à obtenir le financement par l’État d’une campagne vaccinale, à hauteur de 22 millions d’euros, pour protéger les cheptels contre la FCO 1 et la FCO 8 durant l’été 2025.

Un mouvement de solidarité envers les éleveurs de bovins

« Je suis en colère contre les éleveurs ! s’exclame Michelle Boudoin. Nous nous sommes battus pour obtenir ces doses gratuites, et les éleveurs n’en ont rien fait. » Deux problèmes de terrain sont remontés. D’abord, les doses ont été disponibles en juillet, lorsque les brebis étaient déjà sorties au pâturage, moins propice à une opération de contention. Ensuite, les flacons de 250 ml n’étaient pas adaptés aux doses nécessaires pour les ovins, à savoir deux doses de 2 ml. « Aujourd’hui, nous sommes dans l’impasse dans l’ouest de la France face à la FCO 8, alors que les vaccins sont toujours disponibles, déplore la présidente. Si les éleveurs de brebis n’en veulent pas, alors elles seront données gratuitement, par solidarité, aux éleveurs de bovins, à partir du 31 décembre 2025 » [date limite du droit à la vaccination gratuite des brebis].

Plaidoirie pour un vaccin «universel»

La sensibilisation à la vaccination a été négligée sur le terrain, selon les syndicalistes. « Il faut bien expliquer l’intérêt protecteur du vaccin sur les troupeaux, et ce dès cet automne [pour la prochaine campagne] », insiste Yoann Barbe. Joel Mazars, trésorier de la FNEC, rebondit : « Il faut insuffler la volonté de vacciner, auprès des éleveurs mais également des vétérinaires. » Une piste de solution, selon Patrick Bénézit, président de la FNB, serait de développer un vaccin universel pour tous les sérotypes, afin de réduire non seulement les coûts, mais également les manipulations des animaux et surtout faciliter les autorisations à l’exportation.