« Voulez-vous, Monsieur le Premier ministre, abandonner les paysages de montagne, le pastoralisme et notre faune sauvage ? », alertent la FNSEA, JA, la Fédération nationale des chasseurs, la Fédération nationale ovine, la Fédération nationale bovine et la Fédération nationale du cheval dans une lettre ouverte adressée à Jean Castex le 28 octobre 2021.

 

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Pour les représentants des éleveurs et des chasseurs, il est grand temps de changer de politique et de « traduire en actes les propos du président de la République prononcés, le 10 septembre lors des Terres de Jim » au sujet du loup, expliquent-ils dans leur courrier.

« Des prélèvements partout où ça dérape »

Les syndicats ont retenu que le chef de l’État avait alors déclaré que « la seule manière de réduire le nombre d’attaques, c’est d’acter qu’il y a des vallées où il y a des individus qui sont trop nombreux et trop dangereux. Et donc c’est de gérer de manière très claire […] et de faire des prélèvements partout où ça dérape et pas uniquement sur les points noirs qui recensent plus de 30 attaques. […] C’est comme ça qu’il faut gérer les choses. »

 

Pourtant, « les mesures concrètes font toujours défaut », constatent les éleveurs qui souhaitent que le sujet « soit traité de manière pragmatique et raisonnable, en associant étroitement les élus de territoires, les acteurs économiques et la société civile. »

 

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Les chasseurs plus impliqués dans les comptages

Les éleveurs veulent une régulation des populations de loups, d’ours et de vautours et refusent « la gestion purement administrative du nombre de loups à prélever ». Ils pointent aussi le comptage imprécis des loups par l’Office français de la biodiversité.

 

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« Comment adapter les politiques publiques et espérer qu’elles soient efficaces, face à un phénomène que l’on ne peut pas quantifier ? », déclarent-ils. Pour obtenir des chiffres plus en rapport avec la réalité du terrain, les signataires de cette lettre ouverte sollicitent l’implication des chasseurs.

Des tirs de défense toute l’année

« Des solutions existent, il ne tient qu’au gouvernement de décider de leur application », lancent-ils au premier ministre. Parmi ces solutions, la facilitation de la mise en œuvre des tirs de défense accordés aux éleveurs est avancée.

 

« Dans cet objectif, nous voulons travailler avec les pouvoirs publics pour autoriser le matériel qui permettrait d’assurer la sécurité physique de tous les acteurs de terrain. La fréquentation humaine des alpages a fortement augmenté depuis le confinement de jour comme de nuit. L’utilisation de lunettes thermiques est devenue indispensable pour éviter tout accident. Aussi, nous demandons le droit d’utiliser ce matériel dans le cadre des tirs de défense simple et renforcée pour les éleveurs ou les chasseurs préalablement formés. »

 

Les éleveurs soulignent leur situation particulière lorsque le plafond de prélèvement de loups est atteint et que tout tir de défense est suspendu. « À quelle autre profession, demandons-nous d’attendre sagement face à un carnage ? De voir ses bêtes mourir, de subir d’importantes pertes économiques sans possibilité d’agir et ce, dans un climat anxiogène ? Autoriser toute l’année les tirs de défense permettrait d’apporter une réponse mesurée, respectueuse des équilibres puisqu’en place uniquement en cas de risque d’attaque avéré », estiment-ils.

 

L’appui des chasseurs est aussi demandé pour des tirs de prélèvement en action de chasse à proximité des troupeaux. Les éleveurs ne comprennent pas pourquoi ce dispositif a été écarté.

Des éleveurs laissés sans solution

« De plus, les disparités territoriales viennent s’ajouter à la complexité et à l’irrationalité administrative. Les éleveurs dans les cœurs de parcs nationaux et les réserves naturelles nationales n’ont, quant à eux, aucune solution (sauf le cas des Cévennes). Rien ne leur est proposé pour protéger efficacement leurs animaux. Nous n’acceptons pas que toute une partie de la profession soit laissée sans solution. »