« J’aimerais que les loups décrits dans les livres soient les mêmes que ceux rencontrés sur le terrain. Il y aurait moins de problèmes de gestion », s’est exclamé Cédric Laboret. Cet éleveur laitier installé à Lescheraines, en Savoie, s’exprimait lors du débat « Les hommes et le monde sauvage : mythes et réalités » organisé par l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) le 29 septembre 2021.

 

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La pression ne cesse d’augmenter

Pour Cédric Laboret, la pression ne cesse d’augmenter sur les élevages. Le plan loup a de grosses lacunes. « L’humain n’est pas pris en compte, explique-t-il. Les éleveurs sont seuls face à leurs problèmes. Nous allons avoir un problème de pression supportable. »

 

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Jean-David Abel, administrateur de France Nature Environnement, reconnaît que le plan loup cherche à concilier des positions compliquées. « Il faut trouver des outils adaptés, pour effaroucher par exemple, a-t-il déclaré. L’État n’a pas assez porté d’expérimentations. Il faudrait plus d’échanges avec les autres pays. »

Personne ne parle des conséquences des mesures de protection

« Je veux bien aller voir ailleurs comment ça se passe, répond Cédric Laboret, mais l’élevage extensif, tel qu’on le pratique chez nous est assez spécifique. » Autrement dit, si les troupeaux doivent rester dans la bergerie pour éviter les attaques, cela change le sens du métier.

 

« On ne peut pas faire fi de nos méthodes d’élevage », insiste Cédric Laboret, précisant que la mise en place des mesures de protection génère un travail supplémentaire énorme, avec des impacts sur l’environnement important.

 

Il cite l’exemple des parcs de nuit, zones surpiétinées qui engendrent des problèmes de pieds aux animaux. « Personne n’en parle, regrette-t-il. Les gens qui inventent les mesures de protection ne sont pas ceux qui les mettent en place. »

 

Les positions divergent aussi sur les chiens de protection. « Il n’y a pas de problèmes partout, selon Jean-David Abel. Nous n’avons pas attendu le loup pour avoir des conflits. Il y a 5 000 chiens et seulement 70 morsures. »

Pas de solution standard sur le territoire

Philippe Gamen, président du parc naturel régional du Massif des Bauges et maire de Noyer (Savoie), observe qu’il y a de plus en plus de monde dans les montagnes avec des problématiques différentes. « Il faut être à l’écoute, explique-t-il. Mais nous ne trouverons jamais une solution standard sur l’ensemble du territoire français. »

 

Le parc régional apporte son soutien pour tester des moyens de protection. « Récemment, nous avons commencé une expérimentation avec des colliers sur des bovins, explique-t-il. Ce sont des équipements qui servent à la protection contre les hyènes en Afrique. »

Les loups ne peuvent pas vivre au-dessus de leurs moyens

Avant le débat, Vincent Vignon, de l’Office de génie écologique, s’étonne du fait qu’il n’y ait pas eu de reproduction de loups en dehors de l’arc alpin et des Vosges. « Le loup est partout où il a à manger et où il n’est pas tué, a-t-il expliqué. La densité du prédateur s’ajuste à celle des ongulés sauvages présente en hiver. »

 

« Cela permet de modérer les discours sur l’abondance des loups, assure-t-il. Ils ne peuvent pas vivre au-dessus de leurs moyens. » L’écologue estime que les loups sont un peu moins mal accueillis en Allemagne qu’en France. Selon lui, l’effectif a atteint, en dix ans seulement, dans la plaine d’Outre-Rhin, le même que celui de la France.

 

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