« Nous n’avons plus rien à donner à manger à nos animaux, nous allons vers une catastrophe ! » lance un éleveur de salers, race à l’honneur cette année au Space, à Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, lors de l’ouverture du salon ce mardi 10 septembre 2019 à Rennes. Après deux années consécutives de sécheresse, les ressources fourragères manquent. « Nous achetons de la paille à 140 € la tonne, ce n’est pas acceptable, poursuit l’éleveur originaire du Cantal.

« Non aux accords commerciaux »

Les difficultés liées à la sécheresse n’étaient les seules préoccupations des professionnels. Un front syndical s’est soulevé contre les accords de libre-échange avec les pays du Mercosur et le Canada (Ceta). « On ne veut pas que les paysans soient sacrifiés pour vendre des voitures », lance Nicolas Girod, secrétaire général de la Confédération paysanne. « N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas », ont scandé FNSEA et Jeunes Agriculteurs.

 

« Je l’ai dit à plusieurs reprises, le Mercosur, c’est fini s’est défendu Didier Guillaume. Quant au Ceta, « cet accord est bon, notamment pour la filière laitière, les vins et spiritueux. Je comprends les inquiétudes pour la viande bovine. Mais en deux ans, nous n’avons importé que 12 t de viande canadienne. À l’inverse, la filière française n’a exporté que 300 t de viande bovine vers la Chine depuis un an, après 17 ans d’embargo. La filière n’est pas à la hauteur de ses enjeux. »

« Ne pas investir pour rien »

Les suites des États-généraux de l’alimentation (EGA) laissent également les éleveurs sur leur faim. « Cette année, le prix du lait payé aux producteurs a progressé en moyenne de 15 €/1 000 l, détaille Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Seuls 7 € sont imputables aux EGA. » « Le compte n’y est pas, concède le ministre de l’Agriculture. En dessous de 350 €/1 000 l, c’est un scandale. »

 

Face aux attentes sociétales, les producteurs de volailles ont engagé d’importantes transitions, notamment sur le parc de bâtiments. « Nous ne voulons pas investir pour rien, s’agace l’un d’eux. Il faut rémunérer les éleveurs ! » La réponse de Didier Guillaume ne se fait pas attendre. « La moitié des poulets transformés en France sont importés. Des échanges, il y en a eu avant les accords commerciaux. C’est aux filières de s’organiser pour reconquérir le marché français. » Le ministre promet par ailleurs d’« envoyer du lourd sur l’étiquetage, même si cela ne plaira pas à certains acteurs de l’agroalimentaire ».

La filière porcine retient son souffle

Si le secteur porcin connaît depuis le printemps une conjoncture plus favorable, la peste porcine africaine continue de menacer la filière française. « La validation du principe de régionalisation par la Chine est indispensable », estime François Valy, président de la Fédération nationale porcine (FNP). « Je ne travaille qu’à cela, lui répond Didier Guillaume. La France remplit l’ensemble des conditions fixées par la Chine. Mais pour l’heure, nous sommes indemnes du virus, et je suis convaincu que nous le resterons. »