« Le volume de nos exportations de laine en suint a retrouvé en 2024 son niveau d’avant-Covid », indiquait Audrey Désormeaux, chargée de mission à la Fédération nationale ovine, le 13 mars, lors d’un webinaire Inn’Ovin sur les perspectives de valorisation de la laine.

Le séisme de la crise sanitaire sur la filière laisse de nombreux stigmates. Si les exportations françaises ont atteint 10 000 tonnes (t) en 2024, elles sont restées basses (autour de 4 000 t) pendant les quatre années précédentes. Les négociants ont accumulé beaucoup de stocks pendant trois ans. Le marché n’est pas totalement « désengorgé ». « Les collectes ont repris, mais pas partout, ajoute Audrey Désormeaux. Les laines les plus rustiques et jarreuses tardent à retrouver preneur. »

Dépendance à la Chine

La France reste dépendante de la Chine. « C’est à la fois le plus gros importateur et le plus gros producteur mondial », souligne Audrey Désormeaux. L’Australie, l’autre mastodonte du secteur, est le principal exportateur mondial. Le pays concentre 30 % des exportations de la planète. 70 % des laines importées par la Chine proviennent de ce pays alors que 2 % seulement sont apportés par la France. La production française reste très hétérogène en termes de qualité à l’image de la diversité des races. Les laines fines de mérinos destinées à l’habillement ne concernent que 5 % de la production. Les laines fines moyennes, représentent 40 %, tandis que les laines jarreuses ou croisées jarreuses constituent près de la moitié du volume produit.

« Après le Covid, les prix des laines les plus fines ont accusé une plus forte baisse, assure Olivier Segard, président de la chambre syndicale des laines de France. Ils n’ont pas retrouvé leur niveau. Les éleveurs australiens se demandent s’ils vont pouvoir continuer leur activité en vendant à 6 €/kg comme c’est le cas actuellement. »

En France, les espoirs de payer le tondeur avec la laine sont loin. À l’exportation, les prix s’affichent autour de 0,8 €/kg contre environ 1,30 €/kg avant le Covid. « Ce montant inclut les frais de collecte, de tri, précise Audrey Désormeaux. Il n’y a pas de statistique pour suivre les prix en ferme, mais pour de la laine fine moyenne, les témoignages font état d’un léger frémissement à la hausse et s’affichent autour de 0,20 €/kg, ce qui reste loin de couvrir les frais de tonte. »