C’est dans un contexte social chargé cette semaine, avec la mobilisation annoncée de plusieurs organisations syndicales, que le monde agricole compte faire entendre sa voix. « Il n’est pas acceptable que l’agriculture se retrouve oubliée de la population et de nos décideurs publics », alertent les présidents de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et des Jeunes Agriculteurs (JA) Bretagne, Charles Fossé, à l’occasion d’un point avec la presse organisé sur leur stand au Space à Rennes le 17 septembre 2025.

Les deux syndicats agricoles appellent à une mobilisation nationale le vendredi 26 septembre prochain pour exprimer « à la fois la colère et l’inquiétude » face à « l’absence de prise de conscience de nos dirigeants, notamment européens et nationaux », mais aussi pour rappeler les enjeux cruciaux qui pèsent sur l’avenir du secteur.

Une triple colère

Pour l’alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs, la colère est triple. D’abord, vis-à-vis de l’Union européenne, qu’elle accuse de « naïveté ». Les syndicats fustigent les accords de libre-échange successifs, que ce soit avec le Mercosur ou les États-Unis, « sans contrepartie, et surtout sans exigences en termes de qualité sanitaire et environnementale, alors que l’attente du consommateur européen, elle est là ».

Cette naïveté se traduit également, selon eux, par un manque de capacité financière dans la proposition de la Commission européenne sur la prochaine Pac. « Ce n’est pas acceptable, dans les enjeux qui sont ceux d’aujourd’hui et de demain, de diminuer notre ambition budgétaire de soutien à la politique agricole commune », soulignent-ils.

Leur colère est aussi dirigée contre le gouvernement français. Alors que la France reste la première puissance agricole d’Europe, « nos gouvernants ne pèsent plus sur la politique européenne », déplorent les responsables syndicaux. Ils pointent la succession de cinq Premiers ministres en deux ans et demi, et la situation budgétaire : « Nous sommes devenus l’État le moins crédible budgétairement, incapable de peser sur les discussions européennes ni de proposer de nouvelles mesures au niveau national. »

Enfin, les deux syndicats visent directement le chef de l’État. « Il avait annoncé au Salon de l’agriculture [en février 2025] un réarmement de l’agriculture, il avait fait la promesse de se mettre à l’ouvrage non pas pour gérer l’urgence mais pour construire demain. L’État n’est pas au rendez-vous et le chef de l’État ne répond pas à nos inquiétudes », dénoncent la FNSEA et JA.

À chacun sa méthode

Conscients que la période est particulièrement chargée dans les champs et les élevages, « c’est la fin des ensilages, le début des semis dans un certain nombre de régions, donc le travail est intense », les syndicats appellent néanmoins les agriculteurs à se mobiliser. « Malgré cette période de forte activité, il nous semble important de faire entendre cette colère et cette inquiétude du monde agricole », expliquent-ils tout en espérant un sursaut des décideurs publics.

Cette mobilisation se veut nationale, mais « c’est aux agriculteurs, à nos réseaux FRSEA et JA de s’en emparer, chacun avec sa méthode ». Selon les représentants syndicaux, les formes d’action pourront varier : rendez-vous parlementaires, mobilisation auprès des citoyens dans les supermarchés et les lieux publics mais aussi des actions plus fortes et visibles telles que les feux de la colère, le contrôle de camions aux frontières ou encore des blocages ponctuels.

Pour l’alliance syndicale, une certitude demeure : « Cette mobilisation n’est que la première étape. » Si les agriculteurs ne perçoivent pas « un regain d’intérêt de nos décideurs publics », de nouvelles actions seront organisées en novembre-décembre. « Nous sommes sur un message d’alarme, un message d’alerte, un message de colère. S’il n’y a pas de réponse à cette colère, évidemment la mobilisation devra reprendre plus tard », promettent-ils.

Et de conclure : « Cette mobilisation du 26 septembre est une action coup de poing, une action ponctuelle, qui vise à attirer l’attention du public, à tirer la sonnette d’alarme auprès de nos décideurs publics, et à remettre la question de l’agriculture et de l’alimentation au cœur des politiques publiques et du prochain budget. »