Bruxelles avait annoncé au début de septembre ces « mesures de sauvegarde », en espérant calmer la colère de la profession et arracher un feu vert de la France. Le 8 octobre 2025, la Commission européenne promet un « suivi renforcé » des « produits sensibles » tels que la viande bovine, la volaille, le riz, le miel, les œufs, l’ail, l’éthanol et le sucre. Elle prévoit de transmettre tous les six mois aux États membres et au Parlement européens une évaluation de l’impact des importations en provenance du Mercosur.

Des enquêtes sur les prix et les volumes

Bruxelles lancerait notamment une enquête si les prix d’un produit du Mercosur sont au moins 10 % inférieurs à ceux d’un produit identique de l’Union européenne et que le volume des importations détaxées augmente de plus de 10 %. En cas de préjudice grave, l’Union européenne pourrait temporairement remonter les taxes douanières sur les produits concernés.

La Commission européenne s’engage aussi à lancer une enquête sans délai si un État membre le demande et qu’il existe un risque suffisant de préjudice. Dans « la plupart des cas urgents », elle promet d’activer des mesures de sauvegarde provisoires en 21 jours au maximum, et de conclure les enquêtes en quatre mois.

Ces mesures vont être soumises aux États membres

À l’annonce de ces mesures de sauvegarde au début de septembre, Paris avait salué un pas dans la bonne direction, sans pour autant donner son feu vert. Le syndicat agricole européen majoritaire, le Copa-Cogeca, avait pour sa part de nouveau fustigé l’accord commercial avec le Mercosur et le « passage en force » de la Commission européenne.

Bruxelles espère obtenir l’aval des États européens avant la fin de décembre, tant que le Brésilien Lula occupe la présidence tournante du Mercosur. Cet accord, dont les négociations ont été finalisées le 6 décembre 2024, doit notamment permettre à l’Union européenne d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.

Les mesures de sauvegarde proposées par la Commission vont être soumises aux États membres et aux eurodéputés. Et qu’en pensent les pays du Mercosur ? La Commission européenne indique simplement « avoir discuté régulièrement » avec eux.