Sécuriser la production de viande, et maintenir les savoir-faire. Voici le mot d’ordre lancé par Yves Fantou, le président de Culture Viande, le syndicat des entreprises françaises de l’abattage-découpe, lors du congrès annuel de son organisation ce 14 octobre 2025. « Nous vivons une crise inédite, appuie Ludovic Paccard, directeur de Sicarev. Ça fait 5 ans que nous sommes bousculés par des évènements majeurs [dans la filière de la viande]. »

Baisse des abattages, crises sanitaires, décapitalisation… Les conséquences sont sans appel. Depuis un an, 132 entreprises d’abattage ont fermé, selon les données de Culture Viande. « Nous outils ont du mal, insiste Yves Fantou. Donc s’il vous plaît, n’ouvrez pas d’autres outils. » Le président de Culture Viande mentionne un « fantasme de l’abattoir de proximité », porté par les pouvoirs publics. « On n’a pas besoin d’aides, on a besoin de vaches. Il vaut mieux que les animaux soient transportés loin dans de bonnes conditions, que mettre en péril des outils » [en en créant de nouveaux].

« Faire tourner les outils 5 jours sur 5 »

Dans un contexte français — et mondial — où la consommation de viande ne recule pas, mais où la production baisse rapidement, Yves Fantou martèle les besoins de production. « Nous avons besoin d’abattages, de faire tourner nos abattoirs cinq jours sur cinq. » La consommation se maintient, mais change intrinsèquement. Elle s’oriente davantage vers la viande de volailles, ou vers la restauration hors domicile pour la viande bovine, par exemple.

En plus d’une sécurisation économique par le biais des contrats, les représentants des éleveurs demandent une visibilité sur les besoins des abatteurs en termes de production. « Les éleveurs attendent des signaux de la part de la filière, notamment les abatteurs et les distributeurs », explique Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’Interbev, l’interprofession de la viande et du bétail. Pour lui, les producteurs ne connaissent pas les besoins de la distribution, ni les prévisions d’évolution de la demande.

« Notre difficulté est de se projeter sur la vente, appuie-t-il. La balle est dans le camp des abatteurs et transformateurs. » Emmanuel Bernard se dit être « ouvert à tout » en termes d’adaptation de la production, en soulignant qu’un équilibre commercial devra être trouvé. « La passion nous a fait tenir, mais maintenant il faut pouvoir nous nourrir. »