En préambule de son communiqué du 1er octobre 2021, l’Association des producteurs de blé et autres céréales, l’AGPB, la section spécialisée de la FNSEA, rappelle qu’elle « partage les objectifs généraux du Pacte vert », de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et du développement de la biodiversité dans les terres cultivées.

 

Néanmoins, elle exprime de « l’inquiétude » sur les objectifs chiffrés à atteindre d’ici à 2030, contenus dans les stratégies « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité » portées par la Commission européenne. À savoir : la réduction de 50 % de l’usage des pesticides chimiques, de 20 % des engrais, ainsi que 25 % de la surface agricole en bio et 10 % en éléments du paysage non productifs.

 

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Chute de la production et des revenus agricoles

« De telles exigences, qui n’existent pas dans le reste du monde, risquent d’impacter fortement la production agricole, les revenus de producteurs, le commerce extérieur et les prix alimentaires », alerte l’AGPB, qui se base sur les résultats de cinq études menées entre 2020 et 2021 (1).

 

Et en particulier, une chute de la production céréalière de l’Union européenne de −15 % à −50 % selon les études et les produits, relève la section, ce qui « pourrait empêcher la grande majorité des producteurs européens de céréales et d’oléoprotéagineux de dégager le moindre revenu ».

 

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Fixer de nouveaux objectifs chiffrés

Un scénario inacceptable pour l’AGPB, d’autant plus que, souligne-t-elle, ces stratégies auraient un impact environnemental faible. D’où leur proposition de « substituer aux objectifs chiffrés contraignants proposés pour 2030 par les stratégies, des objectifs plus pertinents permettant d’obtenir les bénéfices recherchés sur l’environnement, la biodiversité et l’atténuation du changement climatique sans baisse de la production agricole ».

Une mise en œuvre au plus tôt en 2024

Pour rappel, la Commission européenne a lancé le débat sur les stratégies « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité », lesquelles ne sont pas pour l’instant juridiquement contraignantes. La Commission doit encore publier des propositions législatives qui seront débattues au Conseil et au Parlement, processus qui prendra au moins deux ans, d’où une mise en œuvre au plus tôt en 2024, estime l’AGPB.

 

En attendant, les objectifs contraignants « ne doivent pas être introduits dans les législations existantes », insiste l’AGPB, qui se félicite que la future Pac, négociée en juin 2021, ne les intègre pas. Mais surtout, l’association réclame « une étude d’impact précise et argumentée » avant toute avancée législative.

 

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(1) Les cinq études citées sont celles du ministère de l’agriculture américain (2 novembre 2020), de l’institut de recherche berlinois HFFA commanditée par Euroseed (mai 2021), des négociants européens en grains (Coceral) (juin 2021), de l’Université de Kiel pour le Grain Club allemand (septembre 2021) et du centre de recherche de la Commission européenne (JRC) (août 2021).