Qu’attend la FNB (Fédération nationale bovine) du futur président de la République et de son gouvernement ? Un réel engagement pour enrayer la perte d’emplois et la baisse de production de viande bovine en France. Dans un communiqué diffusé le 28 mars 2022, elle alerte les candidats à l’élection présidentielle et décrit les trois chantiers qu’elle estime prioritaires pour soutenir la filière française :
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Appliquer la loi Egalim 2
Le premier chantier concerne la loi Egalim 2 (1), mise en place depuis le 1er janvier 2022, mais qui « se déploie beaucoup trop lentement » selon la FNB. Le syndicat souhaite que l’État prenne davantage le contrôle et impose des sanctions afin que cette obligation soit respectée.
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Finaliser la réforme des outils de gestion des risques
Le deuxième chantier de la FNB concerne la réforme des outils de gestion des risques en agriculture, « pour protéger les éleveurs face aux aléas climatiques. […] Les décrets pris en application de la loi adoptée en février dernier devront, en ce qui concerne la prairie, assurer un déclenchement de l’assurance dès 20 % de pertes, une prise en charge du coût de l’assurance par l’État à hauteur de 70 % et un relais par la solidarité nationale dès 30 % de pertes. »
La FNB souhaite que les indemnisations prévues par la loi couvrent au maximum la valeur des pertes dans le cadre de la réglementation européenne. En outre, elle explique qu’il faut trouver une autre référence que la moyenne triennale ou la moyenne olympique triennale pour évaluer les pertes, car le changement climatique altère celle-ci davantage, d’année en année.
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Mettre en place de « mesures miroir »
Enfin le troisième chantier de la FNB concerne la mise en cohérence des politiques européennes agricoles, environnementales et commerciales. Pour ce faire, le syndicat souhaite « l’application de “mesures miroir” dans la réglementation sectorielle européenne relative au secteur de la viande bovine et de “clauses miroirs” systématiques dans la conditionnalité tarifaire des accords commerciaux ».
En d’autres termes, la FNB demande que les normes de production visant à protéger l’environnement et la santé, et imposées aux producteurs européens, s’appliquent également aux producteurs des pays tiers souhaitant commercer sur le marché européen.
Pour la FNB, cette réciprocité doit permettre de protéger le modèle de production français qui subit la concurrence déloyale des viandes importées en dehors de l’Union européenne. Cette concurrence menace directement la durabilité de ce modèle ainsi que les capacités de production de viandes bovines, ajoute-t-elle.
Un secteur en crise
Selon la FNB, il s’agit d’une urgence puisqu’en 5 ans, le cheptel bovin français a diminué de plus de 10 %. « La France a perdu plus de 260 000 vaches laitières et près de 390 000 vaches allaitantes en 5 ans, constatait Caroline Monniot, chef de projet à l’Idele dans une vidéo diffusée en février 2022 sur le site de l’Institut. C’est autant de vaches qui n’ont pas fait de veaux, ce qui génère une perte de 2 millions de bovins en 5 ans, soit une réduction de cheptel de plus de 10 %. »
Cette situation est aggravée par l’érosion du nombre d’éleveurs : la France en perd 2 000 chaque année. Cette question est d’autant plus cruciale que l’autonomie et la souveraineté alimentaire sont désormais des priorités pour les politiques, après la pandémie de Covid-19 et dans un contexte de guerre en Ukraine.
« Le modèle de production [français] est le symbole de ce que prônent les discours politiques, en matière de durabilité, insiste la FNB. Un modèle familial, basé sur une valorisation de l’herbe et une autonomie alimentaire du troupeau. La période que nous traversons le démontre : cette autonomie est un atout majeur. » Faute de prix rémunérateurs et de protection suffisante par les politiques publiques, « ce modèle comme celles et ceux qui le font vivre, est en voie de disparition. »
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(1) L’obligation de contractualisation exigée par la loi Egalim 2 repose sur une mécanique de construction des prix basée sur le coût de production de référence des éleveurs et s’applique depuis le 1er janvier 2022.