« Aurons-nous du lait en 2035 ? » C’est sur la base de cette question que la coopérative Innoval (1) a enquêté auprès de 1 095 de ses adhérents éleveurs laitiers, « représentatifs de la filière laitière du Grand Ouest ». « L’idée est de savoir comment nos adhérents voient l’élevage dans dix ans », explique Patrice Guiguian, éleveur dans le Morbihan et président de la coopérative, lors d’une conférence de presse ce mardi 27 juin 2023.

Point positif : 60 % des interrogés se disent optimistes sur l’avenir de leur métier. Les 18-29 ans sont encore plus nombreux dans cet état d’esprit, à hauteur de 87 %. « On constate néanmoins une nette érosion de l’optimisme au fil de la carrière », souligne Gilles Delaporte, ancien directeur adjoint d’Innoval. Seuls 51 % des éleveurs de plus de 50 ans interrogés envisagent de manière positive l’avenir de leur métier.

« Pas de changement de modèle »

Le manque de visibilité sur le prix du lait, la pénurie de main-d’œuvre et la lourdeur des tâches administratives sont les préoccupations majeures des producteurs de lait enquêtés. « Ils sont avant tout à la recherche d’un équilibre entre vie privée et vie professionnelle », rapporte Gilles Delaporte. Et aussi d’une moindre dépendance de leur exploitation aux services extérieurs.

Parmi les éleveurs de moins de 40 ans, qui « représentent l’avenir de la production », 68 % comptent garder le même effectif de vaches laitières. 11 % envisagent de l’agrandir, 16 % de le diminuer, et 5 % de cesser la production. « Il n’y aura pas de changement de modèle, appuie Yann Lecointre, directeur général d’Innoval. On restera sur des troupeaux de 85 à 90 vaches géré par deux personnes, avec davantage d’automatisation. »

Baisse de 33 % de la collecte

Sur la zone d’activité d’Innoval, entre 2015 et 2022, le nombre de cheptels laitiers s’est érodé de 25 %, celui de vaches laitières de 6 % , et le volume de lait collecté de 7 %. À l’horizon de 2035, la coopérative anticipe une accélération de cette tendance avec une nouvelle chute de 41 % du nombre de cheptels laitiers, de 33 % du nombre de vaches laitières, et également de 33 % du volume de lait collecté.

« Il va y avoir un changement de rapport de force en faveur des éleveurs, fondé sur une diminution forte de la production laitière, observe Yann Lecointre. La demande sera supérieure à l’offre. » De quoi renforcer la position de l’amont face à ses acheteurs. « Les organisations de producteurs auront notamment un rôle important à jouer. »

(1) 30 000 éleveurs adhérents et 1 700 salariés sur 26 départements du grand ouest de la France.