Les chiffres du marché des fertilisants de la campagne de 2023-2024 ont été publiés par l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) le 16 janvier 2025. 17,9 millions de tonnes de fertilisants minéraux et organiques (hors effluents d’élevage non commercialisés) ont été livrées en France : un chiffre en légère hausse par rapport à 2022-2023 (17,8 millions de tonnes).

Le point sur trois grandes tendances à retenir.

1. Les livraisons d’engrais minéraux baissent structurellement

10,1 millions de tonnes d’engrais minéraux ont été livrées en 2023-2024, soit 6,1 % de plus qu’en 2022-2023. Néanmoins, cela représente « un retrait de –6,7 % par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes », appuie l’Unifa. Elle souligne ainsi « une baisse généralisée en quantité d’éléments nutritifs pour l’ensemble des éléments ».

Les livraisons d’azote (–10,2 % par rapport à la moyenne quinquennale) montrent une « baisse considérable », selon l’Unifa. Celles constatées pour le phosphore (–17,3 %) et le potassium (–14,2 %) constituent « un signal d’alarme pour notre souveraineté agricole ! » s’exclame Jacques Fourmanoir, président de la section des producteurs d’engrais simples et composés et vice-président à l’Unifa, cité dans un communiqué. Les livraisons de magnésium (–2,1 %) et de soufre (–8,8 %) s'affichent dans la même dynamique. FranceAgriMer a publié en octobre 2024 une étude qui abonde en ce sens.

Seuls les amendements minéraux basiques sont à la hausse (+13 %). Mais « leur utilisation reste trop dépendante de la trésorerie disponible chez les agriculteurs et est encore insuffisante pour atteindre les objectifs de pH agro climatique de 6,8 », estime Luc Chorier, président de la section des producteurs d’amendements minéraux basiques à l’Unifa.

2. Les engrais organiques gagnent du terrain

Les livraisons d’engrais organiques commercialisés (7,8 millions de tonnes en 2023-2024) poursuivent « une hausse régulière depuis 5 ans ». Le développement de ce marché pose d’ailleurs des questions de disponibilité.

Selon Eric Giovale, président de la section des fertilisants organo-minéraux et organiques à l’Unifa, cette progression est à la fois liée à « une augmentation de l’entretien des santés physique, biologique et chimique des sols » et « dans une moindre mesure, à la conjoncture économique actuelle ».

3. L’utilisation des biostimulants progresse mais n’est « pas encore totalement intégrée »

L’Unifa indique qu’entre 2019 et 2023, le nombre d’hectares concernés par l’usage de biostimulants « a doublé, avec un taux de croissance annuel moyen de 18 % ». Elle se base sur un sondage réalisé par Kynetec auprès de 8000 agriculteurs. « Les grandes cultures représentent la majorité du marché, avec 65,5 % des applications en 2023 et une augmentation annuelle de 27,7 %. » Néanmoins en 2024, les utilisations en grandes cultures ont « marqué le pas en raison de conditions de culture délicates et d’une utilisation des biostimulants pas encore totalement intégrée comme faisant partie de l’itinéraire technique de nutrition des cultures », indique l’Unifa.