Il est « nécessaire de le rendre obligatoire ». Mercredi 11 juin 2025, 139 parlementaires ont signé une tribune commune parue dans le journal l’Express pour « généraliser le Nutri-Score ». Actuellement, ce logo nutritionnel apposé sur les produits alimentaires est facultatif.
En France, plus de 1 400 marques l’ont adopté et 62 % des volumes des ventes en 2024 ont le logo sur leur emballage, d’après le site service-public.fr. « Pour être pleinement efficace, il doit être généralisé sur l’ensemble des produits alimentaires proposés aux consommateurs français », appellent les 139 députés et sénateurs signataires.
Une volonté transpartisane
Les élus de tous bords (à l’exception de ceux du Rassemblement national, qui n’apparaissent pas parmi les signataires) veulent « apporter [leur] soutien à la démarche des scientifiques et des professionnels de santé ». Fin octobre, plus de 2 400 scientifiques et des professionnels de santé français avaient déjà appelé à rendre ce Nutri-Score obligatoire, vu comme une « urgence de santé publique ».
« Il s’agit d’une mesure simple de prévention capable de contribuer à réduire le risque de maladies chroniques », étayent les élus. À l’origine, la Commission européenne souhait rendre obligatoire le Nutri-Score à l’échelle européenne avant de rétropédaler, d’après une enquête de Radio France en mars 2025, sous la pression de l’Italie et de lobbies agroalimentaires. Les élus veulent donc essayer de le rendre obligatoire à l’échelle nationale.
« Mieux informer pour transformer »
Pour Lydiane Nabec, professeure de marketing à l’université Paris-Saclay et déléguée à l’Inrae, ce label créé en 2017 et porté Santé public France, a un « objectif double » : « Mieux informer pour transformer, expliquait-elle lors d’une conférence sur le sujet à l’Idele (Institut de l’élevage) le 4 juin dernier. L’idée est de donner de l’information aux consommateurs sur les marchés de façon à changer les comportements de consommation et à inciter les producteurs à reformuler leurs produits pour proposer des produits de meilleure qualité nutritionnelle. »
Nouvelle formule et déclassement de produits laitiers
Les élus signataires déplorent que le Nutri-Score soit « plébiscité par les consommateurs mais combattu fortement par les lobbys agroalimentaires ». Certaines filières agroalimentaires s’opposent au Nutri-Score, en particulier suite à l’adoption de la nouvelle formule de calcul du label, plus restrictive.
Par exemple, la marque Danone, pourtant pionnière sur le sujet, a finalement retiré le Nutri-Score de certains de ses produits à l’automne dernier. La nouvelle formule devrait obligatoirement remplacer l’ancienne dans les deux prochaines années. Or, certaines filières agricoles, en particulier laitières, voient certains de leurs produits déclassés à cause de leur taux de matière grasse, comme le lait ou le fromage.
« Le sujet de la dose n’est pas évoqué », a souligné Anne-Claire Vial, présidente de l’Association de coordination technique agricole (Acta) à la conférence organisée par l’Idele. « Quand vous mettez systématiquement tous les fromages en E, ça interroge le producteur […] Avant de le rendre obligatoire, il faudrait réfléchir à comment on peut apporter d’autres notions […] au moins celle de la dose. » Début avril, des sénateurs ont déposé une proposition de loi en ce sens, pour « exempter les produits sous signes officiels de qualité, les produits fermiers et les produits traditionnels de l’obligation d’apposition d’un indice ‘Nutri-Score’ ».
Pour Lydiane Nabec, « l’idée du Nutri-Score, c’est de pouvoir comparer les produits entre eux, […] dans une même catégorie de produits ». Une comparaison qui est « intéressante pour les produits transformés. Pour les lasagnes ou les pizzas, il y a une grande variété nutritionnelle dans les rayons. »
D’après un bilan dressé par l’Observatoire de l’alimentation (Oqali, réunissant l’Inrae et l’Anses) en 2021, trois ans après la mise en œuvre du Nutri-Score, « un tiers des Français interrogés le jugent déterminant dans leurs achats. Plus d’un sur deux déclare même avoir changé ses habitudes de consommation depuis sa mise en place. »