Plusieurs organismes scientifiques français, dont l’Inrae, publient le 11 septembre 2024 dans la revue internationale Lancet Regional Health-Europe, une étude qui établit un lien entre les maladies cardiovasculaires et la consommation de produits alimentaires moins bien classés au Nutri-Score (version de 2024).

Un total de 345 533 participants d’une cohorte européenne, répartis dans sept pays d’Europe, a été inclus dans les analyses. Pendant douze ans, entre 1992 et 2010, 16 214 de ces Européens ont développé une maladie cardiovasculaire (dont 6 565 infarctus du myocarde et 6 245 accidents vasculaires cérébraux). Un score a été attribué à chaque aliment consommé. Il est apparu que les participants consommant en moyenne plus d’aliments moins bien notés au Nutri-Score présentaient un risque accru de maladies cardiovasculaires, notamment d’infarctus et d’AVC. Et « ces associations étaient significatives après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie », est-il souligné dans un communiqué de l’Inserm.

Cancers et mortalité

Des études précédentes avaient déjà montré un tel lien en France. Elles prenaient en compte l’ancienne version de l’algorithme du Nutri-Score, modifiée en 2024. Deux autres études, menées sur la même cohorte de population, avaient aussi établi l’intérêt du Nutri-Score pour la prévention des cancers (en 2018) et sur la mortalité générale (en 2020).

« Ces résultats confirment la pertinence du Nutri-Score en tant qu’outil de santé publique pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires dans une optique de prévention des maladies chroniques », souligne Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche à l’Inserm.

Retrait partiel de Danone

La publication de cette étude intervient au moment où Danone annonce se retirer du Nutri-Score pour certains de ses produits laitiers et de ses boissons végétales. Le géant laitier avait pourtant été un ardent partisan de la création du Nutri-Score en 2017. Mais la modification de 2024 n’a pas plu à l’entreprise puisqu’elle basculait les yaourts à boire dans la catégorie des boissons et non plus des aliments. De ce fait, leurs scores étaient dégradés, notamment en les comparant à l’eau, seule boisson à pouvoir apposer l’index Nutri-Score A.

L’enjeu actuel est de savoir si le Nutri-Score, adopté uniquement dans quelques pays et sur la base du volontariat des entreprises, peut devenir obligatoire et s’étendre à l’ensemble de l’Union européenne. La Commission européenne sortante avait renoncé à présenter une proposition sur l’étiquetage nutritionnel, notamment face à la vive opposition de l’Italie.

Les organismes ayant participé à l’étude sur les maladies cardiovasculaires sont l’Inserm, l’Inrae, le Cnam, les universités Sorbonne Paris Nord et Paris Cité, en collaboration avec des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (OMS-CIRC).