Pourquoi les agents de l’OFB sont-ils armés ?

L’arme est indissociable de l’exercice de la police de l’environnement. Quand une personne me fait des remarques sur le port d’arme, j’ai pris l’habitude de lui demander s’il a un problème quand un gendarme se présente devant lui armé ? En général, la réponse est « non, mais ce n’est pas pareil ».

Nos inspecteurs de l’environnement sont les agents chargés de missions de police contrôlant le plus de gens armés en France. L’année dernière, nous avons contrôlé 45 000 chasseurs, nous avons organisé des opérations anti-braconnage, parfois la nuit.

Nous intervenons aussi pour démanteler des trafics, notamment pour des espèces comme les civelles, ce qui implique de se confronter à des réseaux criminels puissants et structurés. Dans le quotidien d’un agent, toutes les situations ne sont bien sûr pas à risque, mais pour travailler en sécurité, l’armement reste absolument indispensable.

Comprenez-vous que le port d’arme cristallise les tensions ?

À un moment, où on parle de plus en plus des enjeux sécuritaires dans notre pays, où l’on veut armer les policiers ou les agents municipaux, imaginer désarmer une des polices, cela reviendrait à envoyer le message à la société qu’elle n’est pas crédible. Et que donc vous n’avez pas à appliquer ce que cette police met en œuvre.

Le signal envers notre politique environnementale serait désastreux. C’est bien ces deux arguments qui font que l’armement est indissociable de l’exercice des missions des inspecteurs de l’environnement de l’OFB : la dangerosité de certaines missions et le besoin d’avoir une vraie police pour traiter des enjeux qui sont lourds. Et une vraie police est armée. Si les agents ne sont plus armés, ils ne pourront plus faire de police de la chasse, de contrôles de braconnage, car on ne saura pas assurer leur sécurité.

Le port de l’arme est-il indispensable pour les contrôles chez les agriculteurs ?

Bien sûr, l’arme n’est pas nécessaire pour toutes nos missions. Mais nos agents travaillent sur l’ensemble du territoire national, avec une ou deux implantations locales par département. Ils passent leurs journées sur le terrain, et ne reviennent pas au bureau entre chaque intervention pour déposer leur arme s’ils n’en ont pas besoin pour une de leurs missions.

« Imaginer désarmer une des polices, cela reviendrait à envoyer le message à la société qu’elle n’est pas crédible », estime Olivier Thibault, le directeur général de l'OFB. (©  Arnaud Chapuis)

Du point de vue de l’agent, il n’y a pas d’ambiguïté. Une arme, vous ne la laissez pas dans la boîte à gants de votre voiture. Soit vous l’avez sur vous, soit elle est dans un coffre-fort. Quand vous allez à une journée de baguage d’oiseaux ou à une réunion à la préfecture, les agents n’ont pas besoin d’être armés.

Mais ils sont polyvalents et la plupart du temps, ils font un peu de tout dans une journée. Se dire que je ne peux pas intervenir quand je constate une atteinte grave à l’environnement parce que j’ai laissé l’arme au bureau ce matin-là et que je dois retourner la chercher, ça ne fonctionne pas.

Comment faire alors ?

Il faut d’abord restaurer la confiance. Nos agents sont armés, oui, mais ils sont formés pour cela, avec des sessions d’entraînement plus régulièrement que ne le font d’ailleurs la plupart des policiers. Dans nos formations aux interventions de police, nous insistons sur la psychologie comportementale, comment faire baisser les tensions, savoir se tenir en retrait ou se désengager quand il faut, pour pouvoir agir ensuite en toute sérénité.

C’est cela qu’il faut travailler et dans le dialogue. Chaque fois que j’ai été face à des cas concrets, qu’on m’affirme que le problème c’est l’armement, je réponds oui et je demande de préciser les sujets concernés. Et là en général, on me parle des aides Pac, des contrôles, de la réglementation mal faite, de la surrèglementation, et plus de l’armement.