Karine et Christian Renaudin, céréaliers à Sivry-sur-Meuse (Meuse), constatent des dégâts depuis l’arrivée des castors. Ceux-ci sont apparus en Lorraine à la suite de lâchers en Belgique à la fin des années quatre-vingt-dix. Depuis, ils ont remonté le cours de la Meuse.

Des fossés devenus beaucoup moins efficaces

« Les gros soucis ont débuté en 2020, racontent les agriculteurs. Nous sommes ici dans un fond de plaine, avec beaucoup de sources. De gros fossés ont été mis en place lors du remembrement de 2010. Mais avec la présence des castors, ce réseau est devenu beaucoup moins efficace. Ils sont peu nombreux, mais leurs barrages de branchages entravent les flux naturels. »

Changements de rotation dus aux parcelles inondées, difficultés lors des semis et de la récolte, les Renaudin estiment leurs pertes économiques entre 10 000 et 15 000 euros par an. Le miscanthus notamment, implanté en 2020, s’est mal développé. Leur parcellaire s’étend ici sur 110 hectares. L’autre partie, dans les Ardennes, sur 190 hectares.

Créer un collectif

Depuis cinq ans, Karine et Christian Renaudin alertent DDT (1), Dreal (2) et préfecture. Sans résultat. « Le castor est une espèce protégée, explique Karine. Parce qu’elle contribue à restaurer les zones humides. Nous demandons à être aidés pour faire face aux conséquences économiques. Comme pour le loup ou le cormoran. Mais aucun régime d’indemnisation n’est prévu. » Ils sont seulement autorisés à « écrêter » les barrages, après avoir sollicité l’autorisation de l’OFB (3), qui prévient la Dreal.

À la fin de l’hiver 2023-2024, très pluvieux, la chambre d’agriculture s’est saisie du dossier. Des sénateurs ont interpellé le gouvernement. Il est alors apparu que l’Agence de l’eau Rhin-Meuse pouvait aider les agriculteurs. Sans aides directes mais via des subventions octroyées à la communauté de communes concernée. Un de ses agents doit être formé, seul habilité à intervenir sur les barrages.

Tout cela prend du temps tandis que le castor continue à obstruer les fossés. Excédés, Karine et Christian Renaudin envisagent de créer un collectif d’agriculteurs pour mieux se faire entendre.

(1) Direction départementale des territoires (2) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (3) Office français de la biodiversité