Dans les zones vulnérables, les nouveaux coefficients utilisés pour calculer les doses maximales de digestat applicables sur les couverts d’interculture et cultures dérobées sont « assez sévères, il faut faire attention », soulignait Julien Gaillard, conseiller en fertilisation à la chambre d’agriculture de l’Aisne, lors d’une intervention lors du salon Innov-Agri d’Essigny. La réglementation a évolué dans le cadre des déclinaisons régionales du septième programme d’action national « nitrates », entrées en vigueur au plus tard le 1er janvier 2024.

Un plafond vite atteint

Ces coefficients, définis par les groupes régionaux d’experts nitrates (GREN) sur la base des travaux du Comifer et de références locales, servent à calculer la quantité d’azote potentiellement libérée jusqu’en sortie d’hiver (APLSH). Cet azote est comptabilisé dans le plafond de 70 kgN/ha définis pour les apports sur couverts en interculture (à partir de la récolte du précédent) ou sur prairies permanentes. Dans les Hauts-de-France, « pour du digestat liquide à 4,8 kgN/m³, on est limités à 26 m³/ha en cas d’apport en juillet-août sur couverts d’interculture ou dérobées, calcule Julien Gaillard. On arrive vite au plafond. »

Il est en effet considéré, dans la région, que 55 % de l’azote (minéral ou organique minéralisable) de ce type de produit est rendu disponible entre l’été et la sortie d’hiver. Si les apports sont réalisés en automne, ce coefficient est légèrement abaissé, à 50 %. Pour les digestats solides, il est de 25 % en été et 20 % en automne. Ces coefficients, définis régionalement, ne sont pas encore tous validés par les préfectures.

Épandages tardifs interdits

Autre évolution de taille : le calendrier d’épandage. L’épandage des digestats bruts et liquides, de type II car à forte teneur en azote minéral, est interdit entre le 15 octobre et le 31 janvier en couverts d’interculture longue.

« Cela se comprend d’un point de vue agronomique et environnemental, estime Julien Gaillard. Épandre un produit à minéralisation rapide tardivement en automne n’a pas vraiment de sens. Les couverts ou céréales n’en ont pas besoin, et il y a un risque de fuite dans l’environnement », juge-t-il. Il souligne toutefois que des dérogations sont possibles « si on n’a pas le choix ».

Pour les cultures principales autres que le colza et récoltées l’année suivante, l’apport de digestat de méthanisation est autorisé jusqu’au 30 septembre (14 octobre pour le colza). Par ailleurs, l’épandage des digestats de type II n’est pas autorisé sur sol nu entre le 1er juillet et le 31 janvier. Il est possible à partir du 16 janvier sur prairie installée depuis 6 mois, ou du 1er février pour les autres cultures.

Les fractions solides et digestats compostés sont, eux, susceptibles d’être considérés comme des effluents de type I, en fonction de leurs caractéristiques (rapport C/N, Ismo…). Leur azote se minéralise lentement. Leur apport est possible jusqu’au 14 novembre sur interculture longue.

Attention, les dates d’interdiction peuvent varier d’une région à une autre en fonction des exigences des programmes d’actions régionaux.