"En Belgique, nous faisons le même constat qu’en France, avec une décapitalisation depuis 10 ans", rapporte Marianne Streel, présidente de la Fédération wallonne de l’agriculture, lors du Congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) le 2 février 2023, à Metz (Moselle).  "En 2022, le troupeau a chuté de 4,5 %, alors que le recul était de l’ordre de 2 % les années précédentes", poursuit-elle. La responsable évoque notamment des difficultés de transmission des exploitations et d’accès au foncier.

Brendan Golden, président de la section bovine de l’Irish Farming Association, fait état de nombreuses turbulences depuis plusieurs années. Brexit, Covid-19, et désormais guerre en Ukraine… Il dépeint un tableau plutôt sombre pour la viande bovine en Irlande : "La pression est forte depuis 3 à 4 ans. Nous sommes passés de 1 million à 900 000 vaches allaitantes, et le fait des estimations à 600 000 têtes dans les années à venir." Le syndicaliste explique que "le secteur laitier est plus rentable" dans son pays.

« Disparition de petits élevages »

Plus au sud, en Italie, l’inquiétude se fait aussi sentir. "Entre 2019 et 2021, 8 000 élevages ont cessé leur activité", indique Franco Martini, président de l'organisation de producteurs Asprocarne Piemonte. Il pointe notamment la disparition de petits élevages, au profit de structures plus importantes : "Elles appartiennent à des abattoirs. Des éleveurs travaillent ainsi pour des tiers afin de faire perdurer leur exploitation."

À l’est, en Pologne, le cheptel bovin semble se stabiliser, après plusieurs années de forte croissance. Entre 2018 et 2022, le pays a même perdu 45 000 exploitations agricoles, chiffre Jerzy Wierbicki, président de l'Association polonaise de producteurs de bétail à viande. "Nous n’arrivons plus à satisfaire les besoins des abatteurs, affirme-t-il. Pendant très longtemps, nous étions les moins chers d’Europe, ce qui nous valait d’ailleurs l’agacement de nos collègues français."

Moins de production et de consommation

Brigitte Misonne, cheffe d’unité à la direction générale de l’Agriculture de la Commission européenne, estime qu’après avoir décliné de 0,2 % par an entre 2012 et 2022, "le recul de la production bovine européenne devrait s’accélérer à raison de 0,9 % par an sur les dix prochaines années, soit environ 600 000 tonnes de moins." Sur le même pas de temps, elle anticipe un repli de la consommation du même ordre.

Rappelant que la France a perdu plus de 800 000 vaches laitières et allaitantes en six ans, Bruno Dufayet, président de la FNB, constate une stabilité de la consommation de viande bovine en France, et met en garde sur l’accroissement des importations. "A la fin de 2022, 29 % de la consommation française était importée", souligne-t-il. Pour préserver la production bovine dans l’Hexagone, le syndicaliste compte notamment sur la contractualisation. "Les plus réticents y viendront, ou ils disparaîtront", assure-t-il.