« De nombreux troubles de santé des vaches laitières se déclarent en début de lactation. Il s’agit notamment de perturbations métaboliques, d’infections mammaires et de troubles de l’appareil génital qui peuvent entraîner des problèmes de reproduction, rappelle l’Institut de l’élevage (Idele). La période sèche est une phase importante dans la prévention de ces risques. » D’où l’intérêt de faire une mise à jour des pratiques sur le terrain pour y adapter le conseil technique. L’Idele, épaulé par l’interprofession laitière (Cniel), s’est par conséquent penché sur les données du SNIG (1) pour dresser un état des lieux du tarissement à la française.

Entre 2015 et 2017, plus de 2,9 millions de tarissements ont été étudiés. Les données émanent de 25 000 élevages, dont 44 % sont basés dans le grand Ouest et 20 % en Franche-Comté et Rhône-Alpes. La race prim’holstein domine l’échantillon étudié, avec 60 % des effectifs. La montbéliarde (24 %) et la normande (9 %) complètent le podium.

À la belle saison

L’essentiel des tarissements se fait entre mai et septembre, avec un pic en juillet (13 %). « On peut penser qu’une majorité des vaches laitières est au pâturage sur la période sèche », note l’Idele. Le premier trimestre, en amont de la mise à l’herbe, est le moins pratiqué.

Au moment du tarissement, la production laitière au dernier contrôle affiche en moyenne 16,9 kg/jour. Le Cniel préconise un plafond de 20 kg/j. 57 % des vaches se situent entre 10 et 20 kg/j. Au-delà, l’effet race est indéniable : 40 % des prim’holsteins produisent plus de 20 kg/jour au moment du tarissement, contre 17 % des montbéliardes et 8 % des normandes.

Exposition aux mammites

La période sèche s’étend en moyenne sur 67 jours (61 jours chez les primipares). Les tarissements longs de plus de 70 jours touchent le tiers des effectifs et concernent notamment les races rustiques et les hautes productrices. « Près de 15 % des vaches sont taries plus de trois mois, ce qui peut être source de risques », relève cependant l’Idele.

Pour les vaches « saines » sur le dernier contrôle avant tarissement, affichant moins de 300 000 cellules/ml, le taux moyen de nouvelles infections sur la période sèche s’élève à 12 %, avec un fort effet troupeau. Inversement, l’indice de guérison est de 77 % pour les sujets « malades ». Les races rustiques (abondance, simmental, tarentaise, vosgienne et montbéliarde) ont les indices les plus favorables, avec moins de 10 % de nouvelles infections et plus de 80 % de guérison. La brune, la jersiaise et les croisées semblent les plus exposées.

Outre la race, la parité influence négativement ces indicateurs. L’éleveur peut néanmoins agir sur deux volets : la saison et la production. L’été « est associé à un risque d’infection plus faible du fait de conditions climatiques favorables et de la mise à l’herbe », avance l’Idele. Modérer le niveau de production au moment du tarissement permet de limiter les risques. Au-delà de 25 kg/j, l’indice de nouvelles infections dépasse 12 % et le taux de guérison tombe en dessous de 73 %.

A. Courty

(1) Système national d’information génétique.

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