Selon une note d’Infos rapides publiée par Agreste (1) le 4 juin 2020, les prix à la production de l’ensemble des produits agricoles sont tirés à la hausse en avril 2020 pour le deuxième mois consécutif. Il s’agit d’une augmentation de 0,6 % en données corrigées des variations saisonnières. Sur un an, les prix progressent de 1,9 % en données brutes, au même rythme qu’au mois de mars. Ils dépassent les niveaux moyens de la période allant de 2015 à 2019.
La hausse des prix est principalement portée par l’envolée des cours des légumes, la crise sanitaire favorisant un report de la demande des consommateurs sur l’offre nationale dans un contexte de difficultés de production, précise Agreste.
À un degré moindre, les fruits frais et les céréales contribuent aussi à l’augmentation d’ensemble. Tout en restant fermes, les cours du porc français sont moins dynamiques que sur les deux premiers mois de 2020, reflétant le repli des prix aux États-Unis et dans l’Union européenne.

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Les prix des céréales soutenus par le commerce mondial
Malgré une baisse de l’activité de la meunerie sur le marché intérieur, le maintien d’une demande internationale dynamique soutient les prix des céréales. En avril 2020, ils se redressent de 3 % sur un mois, après une baisse de 1,9 % en mars. Ils sont entraînés par le rebond de ceux du blé tendre, (+5,5 % sur un mois après –2,8 %), à cause de des craintes de sécheresse en Europe.
Les prix du maïs continuent, quant à eux, de reculer de 2,2 % sur un mois après une chute de 2 % en mars dernier. Sur un an, les prix des céréales augmentent à nouveau de 2,7 % en avril après 0 % le mois précédent.
La contraction de la demande mondiale en pétrole et biocarburants pèse toujours sur les prix des oléagineux. Ils demeurent ainsi en recul de 0,2 % sur un mois, après –6,1 % en mars, mais se maintiennent au-dessus des prix d’avril 2019, du fait de récoltes limitées.
Les prix du colza sont entraînés à la baisse par la chute des cours du pétrole mais soutenus par une offre réduite et leur diminution s’atténue : –1,1 % en avril, après –7,1 % en mars.
Du côté du soja, leurs prix se stabilisent à 0 % après –2,7 % en mars et ceux du tournesol rebondissent (+4,1 % après –2 %).
Sur un an, les prix des oléagineux ralentissent avec une hausse de 1,8 % en avril 2020, par rapport à une augmentation de 3,1 % en 2019.

Le « made in France » stimule les prix des légumes frais
Sur un an, les prix des fruits frais augmentent fortement par rapport aux cours moyens de 2015 à 2019. Ils enregistrent +10,9 % en avril 2020, après +0,8 % en 2019. Une hausse en lien avec celle des prix de certains fruits de saison : pommes (+6,7 %), fraises (+14,6 %) et kiwis (+27,6 %).
Sur un an, les prix des légumes frais sont également très dynamiques, soit +49,8 % en avril 2019, après +21,1 % en 2019. Ils augmentent de 15,6 % pour les asperges, de 19,5 % pour les salades, de 47,8 % pour les concombres, de 66,1 % pour les tomates, de 94,9 % pour les choux-fleurs et de 171,5 % pour les endives. Ces rebonds sont portés par le contexte de hausse de la demande liée à la préférence donnée à l’origine française et de difficultés de production.

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Le repli des prix des porcins ralentit ceux des animaux de boucherie
En avril 2020, les prix à la production des animaux de boucheriefléchissent sur un mois. Ils se replient de 3,2 % après une légère hausse de 0,5 % en mars 2020. Cela s’explique notamment par l’effet d’un recul des prix des porcins de –7,7 % en avril, après +1,5 % en mars.
Sur un an, seule l’évolution des prix des porcins est positive : +7,7 % en 2020 et +21,4 % en 2019. Mais cette progression est insuffisante pour compenser le recul des cours des autres catégories d’animaux. La chute des cours américains du porc est à l’origine d’une vague baissière en Europe.
Par ailleurs, malgré la fermeté de la consommation à domicile, les prix des gros bovins continuent de fléchir sur un an et par rapport à la moyenne de 2015 à 2019, les débouchés hors foyer se réduisant. Ils se replient sur un mois (–1,4 % après +0,5 %). Grâce à la remontée des cours en fin de mois à l’approche du Ramadan, et une bonne tenue au moment de la fête de Pâques, le repli des cours des ovins sur un an est relativement limité : –
4,6 % après –2,9 % en 2019.

Le manque de demande fait chuter les prix du lait de vache
Grâce à une demande dynamique des ménages pendant le confinement, les prix des œufs se maintiennent en nette hausse en avril 2020. Ils accélèrent de 11,9 % en avril, après +8,5 % en mars. Et sur un an, en raison d’une offre limitée, ils gagnent 17,5 % en avril 2020, après +15,5 % en 2019.
Dans un contexte de ralentissement de la demande en produits laitiers, les prix du lait de vache reculent sur un mois de 0,8 %, comme en mars. Sur un an, ils cèdent 2,1 %, après –0,8 % en mars.
Les prix d’achat des moyens de production tirés à la baisse
En avril 2020, les prix d’achat des consommations intermédiaires diminuent sur un mois : –0,8 % après –1,2 % en mars. Ils sont tirés à la baisse par un nouveau fort recul des prix de l’énergie (–8,5 % après –10,9 %) et par la baisse des prix des engrais et amendements (–0,3 % sur un mois après 0 %).
Les prix des produits de protection des cultures gagnent 0,8 % après +1,3 % en mars. Ceux des aliments pour animaux continuent de progresser : +0,5 % après +0,6 %.
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Sur un an, le recul des prix des consommations intermédiaires s’accentue en avril : –3,9 % après 2,9 % en 2019. Les prix des biens et services d’investissement sont, quant à eux, quasi stables sur un mois (+0,1 % après –0,3 %) et poursuivent leur hausse sur un an (+0,8 % après +0,9 %).

Les prix des vins sous AOP asphyxiés par la demande internationale
La hausse des prix à la consommation des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées s’accentue en avril (+4,1 % sur un an, après +2 % en mars). Elle s’explique sous l’effet de la hausse des cours des viandes et des légumes et, à un degré moindre, des fruits et des poissons. Les rythmes de croissance des prix du porc et des fruits et légumes sont proches de ceux à la production.
Le repli de la demande internationale et la réduction des débouchés sur le marché intérieur tirent les prix des vins d’appellation à la baisse sur un an et par rapport aux prix moyens de 2015 à 2019.
(1) Service de la statistique, de l’évaluation et de la prospective agricole du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.