Les protéagineux présentent de nombreux avantages dans les systèmes bio. Véritables relais azotés, ils allongent et diversifient également les rotations. Toutefois, leur culture s’avère parfois irrégulière.
Les associations de céréales à paille et protéagineux sont une piste envisagée afin de sécuriser leur production, « mais aussi pour aller chercher un compromis entre le rendement et la teneur en protéines de la céréale dans une situation d’azote souvent limitante », indique Benjamin Delhaye, ingénieur Terres Inovia. La croissance de la céréale est plus rapide que celle de la légumineuse. La première puise les nitrates du sol, obligeant la seconde à fixer l’azote atmosphérique grâce à ses nodosités. « Cependant, c’est la culture suivante qui bénéficiera de l’azote restitué par la légumineuse, pas le blé directement », prévient-il.
En Bourgogne, plusieurs associations ont été testées en 2021 sur la plateforme d’expérimentation XP’Bio 89 (1) : du blé ou de l’orge, mélangé à du pois protéagineux, ou encore triticale avec pois fourrager ou féverole.
Atouts agronomiques
« Une association se construit selon l’objectif voulu, rappelle l’ingénieur. Si l’on choisit de maximiser la teneur en protéines des céréales à paille, alors leur densité sera plus importante dans le mélange. » Cet objectif s’est traduit sur la plateforme par une association de blé Geny à 360 grains/m² avec un pois protéagineux Furious à 55 grains/m².
« S’il s’agit d’augmenter la production des protéagineux, l’accent sera, au contraire, mis sur ceux-ci, poursuit Benjamin Delhaye. À titre d’exemple, nous avons testé du blé Geny à 150 grains/m² associé à un pois protéagineux Furious à 110 grains/m². » Les associations céréales-protéagineux testées en 2021 ont été prometteuses, estime le spécialiste. Elles se sont révélées plus productives en termes de rendement que les cultures pures. « La teneur en protéines des céréales en association est également supérieure à celle des témoins seuls, poursuit-il. Cela s’explique par une densité de céréales plus faible dans la parcelle, avec une disponibilité en azote identique. »
Ces mélanges améliorent, par ailleurs, la compétition face aux adventices, grâce à une meilleure couverture du sol. « On note également que la modalité orge KWS Joyau (304 grains/m²) associé à du pois Furious (55 grains/m²) a montré une bonne maîtrise du vulpin, dont la parcelle d’essai était envahie », observe l’ingénieur.
Sans l’empêcher totalement, ils permettraient aussi une meilleure maîtrise de la verse des protéagineux. « Les parcelles de protéagineux témoins, cultivés seuls, ont versé partiellement de l’ordre de 30 à 50 %, et une autre totalement, rendant la récolte infaisable, indique Benjamin Delhaye. Deux parcelles de mélanges ont versé, mais à moindre échelle. On a constaté peu de verse pour les autres modalités. Cela montre un “effet tuteur” de la céréale. »
Les associations présentent néanmoins des limites : un problème de concordance de maturité des composantes du mélange n’est pas à écarter, et les proportions de chaque culture du mélange restent difficiles à maîtriser. Justine Papin
(1) En partenariat avec Terres Inovia, Arvalis, l’union de coopératives SeineYonne et la chambre d’agriculture de l’Yonne.
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