« Malgré la baisse des importations en volume, l’inflation continue de creuser le déficit de la balance commerciale des fruits et légumes transformés. Il s’établissait à 1,66 milliard d’euros en 2023 », présentait Victoire Cassignol, directrice de l’Anifelt (1), lors d’un webinaire organisé par FranceAgriMer à la fin de décembre 2024. C’est 13 % de plus qu’en 2022. On observe toutefois de fortes disparités entre les différentes productions.
Tomates et légumes surgelés et en conserve étaient, en valeur, les produits les plus importés en 2023. Les compotes, jus et autres dérivés de la pomme faisaient eux aussi partie des produits les plus échangés. Le point sur ces trois filières.
Tomates : « très loin » de l’autonomie
La balance commerciale de la tomate d’industrie (essentiellement concentré, sauce et conserve) s’est un peu améliorée en volume en 2023, mais reste « largement négative […] depuis de nombreuses années », soulignait Robert Giovinazzo, directeur général de Sonito (2). Les importations sont notamment passées de 416 000 en 2022 à 385 000 tonnes en 2023.
Rapporté en tonnage de tomates fraîches, le taux d’auto-approvisionnement de la France n’est que de 10 %, avec quelque 160 000 tonnes produites sur le territoire français en 2023 pour une consommation d’environ 1,3 à 1,4 million de tonnes. « À titre de comparaison, l’Italie produit 5,4 millions de tonnes et l’Espagne 2,8, pour une production mondiale de 44 millions de tonnes en 2023 », complétait l’expert. Dans les années 1990-2000, ce taux d’auto-approvisionnement atteignait un tiers. « Nous n’étions toutefois pas sur les mêmes volumes consommés (environ 800 000 tonnes) », nuançait-il.
Et la marge de manœuvre est faible : les capacités de transformation se situent entre 180 000 et 190 000 tonnes de tomates fraîches en France aujourd’hui. « Nous sommes donc très loin de l’autonomie », commentait-il.
Légumes en conserve et surgelés : la situation « tend plutôt à se dégrader »
À l’état frais, les exportations de légumes destinés à la transformation sont supérieures aux importations. La situation s’inverse en revanche à l’étape de la transformation : la balance commerciale des légumes transformés est déficitaire, et la situation se dégrade « depuis plus de dix ans, rapportait Pauline Bourcier, de l’Unilet (3). On observe une progression des importations, surtout en valeur puisque la hausse n’est pas aussi forte en volume. Le déficit a doublé en dix ans pour atteindre quasiment 400 millions d’euros en 2023. Davantage du fait des légumes surgelés que des conserves. »
Le taux d’auto-approvisionnement est de 25 % pour les légumes surgelés, et de 57 % pour les conserves. Si la France exportait moins et que 100 % de sa production et de sa transformation alimentaient son marché intérieur, « on arriverait à 92 % pour les surgelés, et à 66 % pour les conserves », ajoutait la spécialiste.
Pommes : valorisation de compotes françaises premium
En compotes, l’auto-approvisionnement oscille entre 70 et 90 %, hors accidents climatiques. Il dépend notamment de la qualité de l’année. En 2023, elle a été « très favorable au frais et à l’export, et moins à la transformation », soulignait Adrien Mary, président de l’Afidem (4). En volume, les exportations restent inférieures aux importations, mais c’est l’inverse en valeur grâce au positionnement de haut de gamme des produits français. En jus, l’auto-approvisionnement est d’environ 50 %, avec la production de 71 millions de litres dans l’Hexagone, selon Emilie Jorda, d’Unijus (5).
(1) Interprofession des fruits et légumes transformés.
(2) Interprofession de la tomate destinée à la transformation.
(3) Interprofession des légumes en conserve et surgelés.
(4) Interprofession des filières des fruits à destination de la transformation.
(5) Interprofession des jus de fruits.