« L’offre en porcs s’équilibre avec une demande qui peine à se raffermir de manière franche. Les cours à la production sont stables en Europe », résume Élisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’Institut du porc (Ifip), dans une note de conjoncture publiée le 7 mai 2024. « Le ou les jours fériés de Pâques, placés très tôt cette année sur le calendrier, n’ont pas dynamisé le commerce de printemps qui n’a pas trouvé les conditions météo nécessaires à son développement », analyse pour sa part le Marché du porc breton (MPB).

Le marché européen du porc semble en effet sclérosé depuis le début de l’année. Du côté de l’offre, un léger sursaut se fait pourtant sentir. D’après les données d’Eurostat, les abattages dans l’Union européenne à 27 (UE à 27) progressent de 3,5 % (en têtes) en cumul sur janvier et février 2024, par rapport à la même période en 2022. S’agissant de la demande, le manque de souffle prévaut. Après être resté stable sur les deux premiers mois de l’année, le marché des pièces de découpe ne s’est que sensiblement redressé en mars et avril. « Partout en Europe, la reprise saisonnière de la demande prend du retard », observe l’Ifip. À la faveur des ponts de mai, le MPB entrevoit néanmoins une embellie. « L’augmentation de l’offre générée par les jours fériés semble gérable face à une meilleure demande de porcs, stimulée par une nette amélioration des ventes de produits à griller qui accompagnent le retour du beau temps. »

Faible consommation chinoise

Sur le volet du commerce extérieur, les difficultés perdurent. En janvier 2024, les exportations de l’UE à 27 vers les pays tiers se sont repliées de 9,4 % (voir l’infographique). Les envois vers la Chine (–21,8 %) et le Japon (–15,9 %), respectivement premier et troisième débouchés des opérateurs européens, se sont particulièrement érodés. Toutefois, « certaines destinations asiatiques reviennent aux achats comme les Philippines (+19,3 %), la Corée du Sud (+10,5 %) et le Vietnam (+216,6 %) », souligne le MPB.

Vers le continent asiatique et notamment la Chine, la compétitivité du porc états-unien et brésilien étrille la viande européenne, dans un contexte de demande en recul. Car dans l’empire du Milieu, premier consommateur mondial de viande porcine, « le marché reste pénalisé par une offre supérieure à la demande dans un contexte de consommation faible ». Fait marquant, « les décapitalisations du cheptel reproducteur depuis onze mois consécutifs conduisent à une chute de la production porcine chinoise au premier trimestre (–1 %) », rapporte l’Ifip.

Aux États-Unis aussi, « le mouvement de décapitalisation des truies se poursuit avec une hausse de 5 % des abattages au premier trimestre ». De quoi espérer des jours meilleurs pour les opérateurs européens à l’exportation.