Jouxtant le support des 185 €/t sur Euronext, les cours du maïs font face à une forte pression baissière depuis plusieurs semaines. « Les prix sont extrêmement dégradés, confirme Arthur Boy de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM). À euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation, nous n’avions pas connu de prix aussi bas depuis quinze ans. »

L’abondance mondiale explique en grande partie cette situation. Après le record de production du Brésil, ce sont les États-Unis qui sont en passe de pulvériser le leur pour la campagne de 2025-2026. « Pour la première fois de son histoire, le pays pourrait dépasser les 400 millions de tonnes de production, rapporte Arthur Boy. Ce chiffre serait le fruit d’une hausse des surfaces — les plus importantes depuis 1933 — et de très bons rendements ». Pour l'heure, l'USDA, le ministère américain de l'Agriculture, estime le rendement moyen national à 117,2 q/ha. Ce chiffre, « un peu surévalué » selon l'analyste, devrait malgré tout rester sur un niveau record. 

Tensions avec la Chine

Les exportations américaines battent elles aussi des records. Ses volumes disponibles l’y aident, mais aussi la faiblesse de sa monnaie. « Depuis le début de septembre, 28 à 29 millions de tonnes sont sorties du territoire — ou contractualisés pour l’être — sur les 76 millions de tonnes prévues sur l’ensemble de la campagne », rapporte Artur Boy. Mais ces chiffres sont à surveiller. En effet, depuis le « shutdown » budgétaire, l’administration américaine est au chômage technique et ne livre plus aucune publication. « Lorsque les choses vont se remettre en route, le stock américain va certainement se réajuster, ce qui pourra être un facteur de hausse des prix, estime l’analyste. Mais cela restera marginal, juste de quoi respirer un peu. »

Enfin, les tensions commerciales avec la Chine sur le soja pourraient indirectement pénaliser le maïs. « En temps normal, un quart du soja américain part en Chine, explique Arthur Boy. À l’heure actuelle, c’est zéro. La Chine boycotte les États-Unis et se fournit ailleurs. » Si ces tensions persistent, le soja sera considéré comme « la culture à risque » par les farmers américains pour leur semis de 2026. Le report se ferait donc sur le maïs, sur des surfaces tout aussi abondantes… Ce qui pénaliserait encore les prix de la céréale.