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En 18 mois, les prix du colza ont connu une chute vertigineuse, passant de 1 000 à 450 euros la tonne, selon les cotations de la dernière semaine de septembre. Une baisse qui s’explique notamment par une très bonne récolte en 2022 en Europe (19,6 millions de tonnes) comme dans le monde (88,6 millions de tonnes). La récolte de la campagne de 2023 a été également satisfaisante sur le continent européen, proche des 20 millions de tonnes.
Récolte record en Ukraine
Cela s’accompagne d’un record pour l’Ukraine malgré son conflit avec la Russie depuis deux ans : la production du pays s’affiche en effet à 4 millions de tonnes, contre 3 à 3,5 millions de tonnes habituellement. « Sur l’Europe continentale, la situation est donc très confortable du fait des stocks résiduels de 2022 et de la production de 2023 », estime Maxence Devillers, du cabinet Agritel.
La situation européenne contraste avec celle du reste du monde, notamment au Canada et en Australie, principaux pays producteurs au niveau mondial. La production canadienne, dont les récoltes ne sont pas tout à fait terminées, devrait être plutôt « moyenne », selon l’analyste. Elle est pour le moment estimée à un peu moins de 18 millions de tonnes, contre 20 millions de tonnes les années précédentes (hors 2021).
En Australie, les récoltes n’ont pas encore commencé mais à l’instar du Canada, les estimations penchent vers une production elle aussi moyenne cette année. La faute au phénomène climatique El Niño, synonyme de sécheresse pour le pays. La production australienne est ainsi estimée cette année à 5 millions de tonnes, contre 8 l’année dernière.
« Néanmoins, grâce aux bonnes disponibilités en Europe et en Ukraine, les besoins à l’importation de l’Union européenne diminuent », souligne Maxence Devillers. Dans ce contexte, les niveaux de production du Canada et de l’Australie influent moins les prix du colza sur le marché européen, à la différence de l’Ukraine qui exporte une majeure partie de sa production vers l’Union européenne.
Autour de 400 à 500 €/t
« Les prix auront donc du mal à progresser significativement à la hausse, signale Maxence Devillers : le marché du colza peine à trouver un niveau de prix rémunérateur. » Certes, les prix de la graine ont connu récemment un rebond grâce au soutien des prix du pétrole, mais il y a dans le même temps une grande disponibilité d’huiles sur le marché, du fait des importations et d’une bonne production d’huile de tournesol.
« Les prix en Europe devraient rester autour de 400 à 500 euros la tonne », estime Maxence Devillers. Le phénomène climatique El Niño pourrait néanmoins changer la donne, en impactant négativement la production d’huile de palme. « Cela pourrait soutenir les prix de l’huile à partir de cet hiver, sur la deuxième partie de campagne », précise-t-il.
